Fédération des Pyrénées-Orientales

Fédération des Pyrénées-Orientales
Accueil
 
 
 
 

Le malaise européen face à la crise catalane

Les Européens refusent de commenter le bras de fer toujours plus tendu entre Madrid et les indépendantistes catalans, sans parvenir à masquer leur malaise.

« Il ne s’agit pas juste d’indépendance, du oui ou du non. Il ne s’agit pas seulement des relations entre la Catalogne et l’Espagne. Il s’agit ici des droits civiques et des normes démocratiques » dans l’UE, fulmine Amadeu Altafaj, le représentant du gouvernement catalan à Bruxelles. « Nous comprenons tout à fait que la Commission ne veuille pas s’immiscer », mais elle devrait adresser « un message positif, constructif, qui encouragerait au moins les parties à engager un dialogue politique ».

Las ! Bruxelles répète inlassablement « la doctrine Prodi », du nom de Romano Prodi, un ancien Président de la Commission, qui avait stipulé en 2004 qu’un État né d’une sécession au sein de l’UE ne serait pas automatiquement considéré comme faisant partie de l’Union. La semaine dernière, Jean-Claude Juncker, l’actuel Président de l’exécutif européen, a prévenu qu’il tiendrait compte des « arrêts de la Cour constitutionnelle espagnole et du parlement espagnol », autrement dit qu’il attendrait leur feu vert, avant de recon- naître une déclaration d’indépendance en Catalogne.

Même circonspection au niveau des chancelleries où, de Paris -où l’on réclame le « respect du cadre institutionnel espagnol » -à Bratislava- où l’on demande d’agir « conformément à la Constitution espagnole », on se conforme presque mot pour mot à la ligne suivie par Madrid. Mais dans certains États membres, le malaise était perceptible après les opérations de police, auxquelles des milliers de partisans du référendum ont riposté en descendant dans les rues de Barcelone. « Nous suivons tout ce processus avec une très très grande inquiétude », a admis jeudi un diplomate de haut rang, même si, « ce que nous disons en général à ce stade, c’est que nous faisons confiance à la démocratie ». « Même s’il agit dans le cadre de la loi, le gouvernement espagnol gère très mal cette situation », s’est alarmé un autre diplomate, s’exprimant lui aussi sous couvert d’anonymat. « Dépêcher la Guardia civil pour procéder à des arrestations envoie un signal très négatif », a-t-il insisté.

« Le silence de l’UE est une réponse en soi : Bruxelles ne veut même pas évoquer cette question. C’est une bombe qui fait tic tac », note Dan Dungaciu, le directeur de l’Institut d’études politiques et de relations internationales de Bucarest. « Une reconnaissance de la Catalogne créerait un précédent terrible pour l’UE, que Bruxelles aurait du mal à gérer et dont tout mouvement séparatiste pourrait se servir par la suite », relève-t-il. Contrairement à la plupart des autres capitales européennes, Madrid n’a d’ailleurs jamais reconnu l’indépendance du Kosovo.

Sans surprise, les indépendantistes catalans ont reçu le soutien d’autres dirigeants séparatistes comme la Première Ministre écossaise Nicola Sturgeon, qui a appelé au respect du « droit à l’auto-détermination des peuples », et le Flamand Geert Bourgeois, qui réclame « une médiation internationale ».

La Marseillaise, le 23 septembre 2017

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

 

Le malaise européen face à la crise catalane

le 23 septembre 2017

    A voir aussi



     
    44 Avenue de Prades 66000 Perpignan Tél: 04.68.35.63.64