Des milliers d’étudiants en grève ont soutenu la tenue, dimanche, d’un référendum toujours interdit par la justice. Un haut dirigeant catalan a pressé l’Europe d’intervenir.
Au moins 10.000 étudiants et lycéens se sont donné rendez-vous hier devant le bâtiment historique de l’université de Barcelone, en plein centre-ville. Enveloppés pour beaucoup d’un drapeau indépendantiste, ils ont défilé sur une des principales artères de la ville, en scandant « Nous voterons ! », « Indépendance ! ».
« La majorité des jeunes est indépendantiste, et si elle ne l’est pas, elle l’est devenue après avoir vu ce qu’a fait l’Espagne ces dernières semaines », explique Aina Gonzalez, 16 ans. Si la société catalane est profondément divisée sur le sujet, presque à parts égales. En revanche, une majorité de Catalans (plus de 70%) souhaite pouvoir s’exprimer par le biais d’un référendum légal.
La grève étudiante fait partie de la mobilisation des séparatistes qui multiplient depuis une semaine les rassemblements et marches dans les rues pour défendre la tenue du vote face aux institutions espagnoles qui mènent une offensive tous azimuts pour l’empêcher.
« Si une quantité de gens aussi importante que celle qu’il y a aujourd’hui en Catalogne veut se séparer du pays, il faut les laisser voter », argumente le lycéen barcelonais Pau Cabrinety, 15 ans. Selon lui, dans sa classe de 30 élèves, seuls six n’ont pas voulu participer à la grève. La mobilisation pourrait déboucher sur l’occupation d’établissements scolaires qui devraient être utilisés comme bureaux de vote, afin d’éviter que la police ne les ferme. La justice a ordonné à la police régionale, les Mossos d’Esquadra, de sceller les établissements scolaires au plus tard vendredi soir, et de les surveiller dimanche pour éviter que le vote y ait lieu. Les Mossos d’Esquadra ont manifesté mercredi leur réserve, avertissant du risque de troubles à l’ordre public.
L’Europe interpellée
Le responsable des relations étrangères du gouvernement régional catalan, Raül Romeva, a lui pris le micro à Bruxelles pour accuser l’Union européenne d’« approuver », sans oser le dire, l’intransigeance de Madrid. « Ce qui se passe aujourd’hui en Espagne est une très grave atteinte aux structures démocratiques » a-t-il dénoncé et « ne pas lever la voix, ne pas même appeler à un dialogue politique comme cela semble être le cas jusqu’à maintenant n’est pas neutre. Ceci est perçu par l’État espagnol comme une approbation des actions répressives ».
L’exécutif européen se borne depuis des semaines à répéter qu’il respecte « le cadre constitutionnel » espagnol, lequel est justement invoqué par le gouvernement de Mariano Rajoy pour interdire le référendum catalan. Les séparatistes catalans voudraient que la Commission européenne propose une médiation. « Nous sommes prêts, nous sommes à la table (…), le problème, c’est qu’il devrait y avoir une autre partie à la table qui n’a jamais voulu venir, c’est le gouvernement espagnol. Nous demandons (à Bruxelles) d’arranger ça », a encore affirmé Raül Romeva.
La Marseillaise, le 29 septembre 2017
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