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Et soudain des tirs claquent dans Barcelone

Les nuages se faisaient plus lourds sur Barcelone et les hélicoptères dans le ciel plus nombreux, quand les policiers anti-émeutes ont saisi des urnes et chargé des manifestants.

Au matin, des tirs de sommation puis des tirs de balles de caoutchouc ont retenti, marquant un changement de climat brutal.

A l’aube, de Gérone à Barcelone, et de Manresa à Figueras, des milliers de Catalans lançaient ainsi un défi sans précédent à l’État espagnol. « Votarem », (nous voterons) : c’était leur cri de ralliement.

Face à la passivité de la police catalane, les Mossos d’Esquadra, déchirée entre l’obéissance à l’État central et ses liens avec la population, la police nationale et la Garde civile sont passées à l’action.

A Barcelone et, symbole oblige, à Gérone, le bastion du président indépendantiste Carles Puigdemont.

La Garde civile a encerclé le centre sportif où il devait voter, repoussant la foule non sans bousculades, puis elle a forcé les portes pour saisir les urnes, devant des militants qui entonnaient un hymne de la résistance anti-franquiste, l’Estaca, le poing levé.

Au même moment à Barcelone, des urnes étaient également retirées. En sortant, les policiers se sont trouvés face à plusieurs centaines de militants assis qui leur ont coupé la route, et ils ont chargé, selon des témoins.

Ils ont tenté de les disperser par des tirs de sommation « mais comme ils ont vu que cela ne faisait rien, ils ont utilisé ça », a déclaré Jon Marauri, un secouriste de 22 ans, en montrant des balles en caoutchouc.

Selon lui la rue, aux abords du centre, était pleine de gens, environ 500 personnes.

Un témoin, David Pujol, 37 ans, a montré une blessure à la jambe reçue au cours de cet affrontement. « Nous étions en train d’aider un gars qui était blessé ici et à ce moment la police a de nouveau tiré des balles de caoutchouc et j’ai été blessé à la jambe », a-t-il raconté.

Les services d’urgence régionaux disent avoir assisté 38 blessés. Le ministère de l’Intérieur a annoncé 11 blessés parmi les forces de l’ordre.

« Je me sens très fâché, ce n’est pas normal dans une démocratie », a déclaré David Pujol, venu de l’île de Majorque. Vers 11h (9h GMT), Carles Puigdemont dénonçait la « violence injustifiée » de l’État espagnol. « L’usage injustifié de la violence, irrationnel et irresponsable, de la part de l’État espagnol, n’arrête pas la volonté des Catalans », a- t-il déclaré.

Gerard Piqué, joueur-star du FC Barcelone, a voté, et l’a fait savoir sur Twitter.

Aux abords du campus d’un lycée professionnel où des centaines de Barcelonais de tous âges continuaient à voter, des manifes- tants ont dressé une barricade de grillages, de palettes en bois et de sacs de ciment.

« Je ne pensais pas voter, mais maintenant je vais voter oui à l’indépendance », commentait Gema Martinez, une laborantine âgée de 49 ans.

Pendant ce temps, bien loin de là, dans le village très indépendantiste de Llado, à 143 km au nord de Barcelone, la matinée a été ponctuée de fausses alertes : « les gardes civils approchent », « les gardes civils se sont éloignés »

Aussitôt, les électeurs empochaient leur bulletin, l’urne était escamotée et chacun s’asseyait sur le carrelage du bureau de vote, attendant les forces de l’ordre et laissant en suspens toutes les activités festives arrosées de chocolat chaud…

« C’était une fête de la démocratie mais ils sont résolus à l’empêcher », commentait le Maire de cette commune rurale aux 800 habitants, Joaquim Tremoleda, archéologue et membre du parti indépendantiste de gauche ERC.

Anna Cuenca et Laurence Boutreux (La Marseillaise, le 2 octobre 2017)

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Et soudain des tirs claquent dans Barcelone

le 02 octobre 2017

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