A la veille d’une très probable mise sous tutelle de la région, le Président séparatiste s’est exprimé hier.
Le Président catalan Carles Puigdemont a déclaré hier en fin de journée qu’il ne convoquerait pas d’élections régionales en Catalogne pour surmonter son conflit avec Madrid, faute de garanties suffisantes du gouvernement, qui a demandé la mise sous tutelle de sa Région.
Désormais, « il revient au Parlement (catalan) de déterminer les conséquences de l’application contre la Catalogne de l’article 155 » de la Constitution, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, une commission sénatoriale devait dans le même temps commencer hier soir à débattre de l’application de l’article 155 de la Constitution qui autoriserait le gouvernement central à « prendre le contrôle » de la Catalogne, un scénario inédit aux conséquences incalculables. Les mesures envisagées sont draconiennes : destitution de l’exécutif indépendantiste de la région, mise sous tutelle de sa police, de son Parlement et de ses médias publics, pour une période qui pourrait atteindre six mois, avant des élections régionales en 2018.
L’approbation des Sénateurs, qui doivent voter ce vendredi, est en principe acquise. Car les conservateurs disposent de la majorité absolue au Sénat et peuvent aussi compter sur le soutien assuré du Parti libéral Ciudadanos né en Catalogne contre l’indépendance.
M. Rajoy avait déjà douché mercredi tout espoir de dialogue avec M. Puigdemont. « Vous me dites que les institutions catalanes ont demandé le dialogue et que ma réponse a été l’article 155 et c’est vrai », avait répondu Mariano Rajoy à un élu indépendantiste catalan au Congrès des Députés, avant d’insister : « C’est la seule réponse possible, la seule. »
« Grave situation extraordinaire »
Avant son allocution d’hier, Carles Puigdemont avait transmis le matin au Sénat une lettre dans laquelle il protestait par avance : « Pour régler ce que le gouvernement de l’État a qualifié de "grave situation extraordinaire", on va créer une situation extraordinaire encore plus grave en arrachant à la Catalogne son autonomie politique. »
Décidés à aller de l’avant coûte que coûte, les indépendantistes avaient, eux, prévu de mobiliser leurs partisans à partir de vendredi, par le biais des puissantes associations ANC et Omnium Cultural, dont les dirigeants ont été placés en détention pour « sédition » à la mi-octobre.
Ces mouvements sont capables de rassembler à chaque manifestation des dizaines de milliers -voire des centaines de milliers- de manifestants pacifiques.
« Nous sommes impatients d’avoir la République catalane maintenant. Ça devrait déjà être arrivé ! », disait dès jeudi Natalia Torres, 19 ans, parmi les étudiants présents dans le centre de Barcelone pour protester contre la mise sous tutelle de la Catalogne.
« Vous ne pourrez pas emprisonner tout un peuple », pouvait-on lire sur une grande banderole, tandis que des étudiants criaient : « Dehors les forces d’occupation ! ».
La Marseillaise, le 27 octobre 2017
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