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Le travail et la nature, une cause commune

Y-a-t-il si loin de l’immense scandale des Paradise Papers à l’alarme sonnée par 15.000 scientifiques de 184 pays sur l’état funeste de la planète ? Ces deux phénomènes sont-ils si éloignés que certains le prétendent ? L’exploitation accélérée du travail humain est en réalité indissociable de l’exploitation de la planète et des ressources qu’elle contient. Propriétaires de la force de travail, les capitalistes agissent tout autant « en propriétaire à l’égard de la nature, cette source première de tous les moyens et matériaux de travail » comme le rappelait Karl Marx à la fin de sa vie dans sa critique du Programme du Parti ouvrier allemand(1).

Cette double spoliation, à l’égard des hommes et de la nature, n’a d’autre but que de perpétuer le taux de plus-value jugé  indispensable  au maintien des dominations sociales actuelles, accentuées sous le règne néolibéral.

Si rien ne bouge, et qu’au contraire le désastre environnemental s’accélère, malgré le verdissement des façades des multinationales et la blague d’une « finance verte » qui aurait, dit-on, le vent en poupe, c’est parce que les objectifs sociaux et environnementaux, conjointement nécessaires pour conjurer le péril climatique et écologique, sont autant de freins à l’extension de la sphère marchande et financière. C’est pourquoi mettre en avant ces objectifs et leur donner une traduction concrète, dans les municipalités, collectivités ou associations, devient tout autant une nécessité d’ordre civilisationnelle qu’un acte proprement révolutionnaire.

Car que disent ces scientifiques ? Que la dégradation de l’environnement poursuit une trajectoire extrêmement inquiétante et qu’aucune politique n’a jusqu’ici permis de freiner cette course à l’abime. Qu’au contraire, l’aveuglement capitaliste à l‘égard des besoins humains, devient un problème. Ils appellent en creux à une planification des politiques économiques décidées en fonction d’objectifs définis répondant de la défense d’un intérêt général humain.

Il est significatif que la nouvelle donnée il y a quelques mois d’une extinction de masse, la sixième depuis l’apparition du vivant sur notre planète, soit passée presque inaperçue… et que la 23ème conférence pour le climat qui s’est tenue à Bonn en Allemagne ait accouché d’une souris. Certains négociateurs et observateurs ont pointé l’apathie générale face à une problématique pourtant brûlante, qui avait trouvé il y a deux ans à Paris un formidable écho planétaire. Le coup de poignard de la nouvelle administration américaine qui a quitté l’accord sur le climat agit comme un puissant frein à toute avancée supplémentaire alors que l’urgence frappe aux portes. La responsabilité de M. Trump devra être jugée devant l’histoire avec toute la sévérité qu’elle requiert.

Dans un tel contexte, le gouvernement français devrait se donner comme mission de se projeter en première ligne de cette bataille d’ordre civilisationnel en prenant, fort des conclusions de la conférence de Paris, la place abandonnée de locomotive mondiale, en lien étroit avec les Nations Unies. Le faire réclame de donner ici-même l’exemple :  investir massivement dans le ferroviaire, développer le fret de marchandises, moderniser le tissu productif au lieu de délocaliser nos productions dans des conditions sociales et environnementales ineptes, impulser un nouveau mode de consommation, inventer un nouveau mode de production agricole et agro alimentaire à partir des expériences déjà en cours avec l’agro-écologie, réduire les inégalités sociales, enjoindre  les grandes entreprises de l’énergie à investir dans les énergies renouvelables pour développer un mixte énergétique intelligent.

Les scientifiques s’inquiètent également d’une croissance démographique appelée à perdurer jusqu’en 2100. Cet enjeu ne peut trouver de solutions acceptables sans un effort financier colossal pour l’éducation, le respect et l’émancipation des femmes, des plannings familiaux et des politiques sociales partout dans le monde. Il devient aussi indispensable de socialiser la richesse produite par les sociétés pour des investissements que le marché se révèle incapable de réaliser, et dont les thuriféraires déplorent en permanence, comme s’en étonnait déjà Bossuet, les effets dont ils chérissent les causes :  assèchement budgétaire, dettes phénoménales de pays pauvres et anciennement colonisés, voulues par les possédants pour maintenir leurs dominations deviennent autant d’arguments pour empêcher les investissements publics nécessaires, particulièrement pour les économies en transition et les pays les moins développés. Tout nous ramène à la nécessité d’un monde de coopération tournant le dos à celui de la concurrence, ce mot qui n’est que le paravent de la guerre économique.

Le serpent capitaliste se mort la queue… bouchant toute perspective pour le progrès humain et écologique et mettant en péril l’avenir même de l’humanité. Il n’est pas trop tard, mais le virage à prendre ne saurait être cosmétique. C’est au cœur du rouage économique qu’il faudra nécessairement porter le fer pour réaliser la grande et nécessaire bifurcation de l’histoire humaine. L’Humanité l’appelle ! Seuls les peuples unis et déterminés pourront l’écrire.

Patrick Le Hyaric (HD, le 23 novembre 2017)

(1) Programme de Gotha

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Le travail et la nature, une cause commune

le 23 novembre 2017

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