Il en aura fallu du temps et des souffrances, trop souvent tues, pour que « la parole se libère » aujourd’hui, que s’amorce une prise de conscience. Parfois seulement des petites choses, comme réaliser que des gestes, des propos, en apparence anodins, ou soit-disant humoristiques, sont déjà une agression, qu’il faut démonter les stéréotypes. Bien sûr, à partir de là, il y a une gradation, et l’on sait que la violence faite aux femmes peut aller très loin, jusqu’au pire. Le chiffre est glaçant, en 2016 ce sont 123 femmes qui ont péri sous les coups de leur compagnon, notre département est d’ailleurs concerné. Et nous sommes en France ! Que dire de pays comme l’Inde ou certains états d’Afrique où naître femme est une calamité, où supprimer une femme n’est même pas sanctionné, pas plus que la défigurer à l’acide ?
Revenons chez nous, ou en Europe, où l’affaire Weinstein a servi de révélateur d’ une situation résultant de siècles de domination masculine. Dans les pays développés la condition des femmes est loin d’être à la hauteur. Victimes de violences sexuelles ou de comportement déplacés elles sont confrontées aux inégalités sociales, salariales ou d’accès à l’emploi. Dans une société d’exploitation elles subissent ainsi la double peine et constituent donc un enjeu majeur du changement de société, du besoin d’une société plus respectueuse, bénéfique à toutes et tous.
La libération de la parole, si elle ne suffira pas sur le long chemin de l’émancipation des femmes, est une opportunité à saisir. C’est un changement culturel qui doit englober la société toute entière, notamment l’entreprise. Pour avancer il faut des luttes et des moyens. Regrettons sur ce point qu’il n’y ait plus de ministère des droits des femmes plein et entier. Le président de la République a beaucoup discouru lors de la journée nationale contre les violences sans annoncer les moyens nécessaires. Il a donné des priorités : l’éducation et le combat pour l’égalité ; l’accompagnement des victimes et un renforcement de l’arsenal répressif, toutes choses utiles mais le plan présidentiel, imprégné des logiques austéritaires, reste en deçà.
Rappelons qu’en 2013 les Parlementaires communistes Marie-George Buffet et Laurence Cohen avaient proposé une loi-cadre contre les violences faites aux femmes, seuls les députés communistes l’avaient votée ! Elle est toujours d’actualité.
Il y a actuellement 0 réactions
Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.