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Le retour de la menace nucléaire

Le redoublement des tensions et des guerres au Moyen-Orient, l’instabilité mondiale, la récurrence des violentes crises économiques et la main mise des marchés financiers sur la marche du monde s’accompagnent d’une aggravation des crises internationales et d’une folle course aux armements. La menace nucléaire que nous espérions conjurée depuis la fin de la guerre froide, se manifeste à nouveau.

Alors que les Etats-Unis réalisent à eux seuls plus de 40 % des dépenses militaires mondiales, M. Trump vient d’annoncer une hausse historique du budget de la défense de son pays, la faisant progresser de 7 % pour atteindre 716 milliards de dollars pour l’année 2019. Une somme astronomique quand 267 milliards de dollars suffiraient pour éradiquer la faim dans le monde… Au même moment, D. Trump annonce un tournant de la doctrine nucléaire et la fabrication d’armes létales miniaturisées, dont la vocation est d’éliminer des vies humaines.

Ce saut qualitatif, au cœur des mutations mondiales du capitalisme financier où la concurrence est érigée en doctrine, doit alerter les citoyens du monde entier. Jusqu’ici, la doctrine nucléaire globalement partagée par les grandes puissances reposait sur l’existence de bombes si puissantes qu’elles se révélaient inutilisables sous peine d’un cataclysme mondial. C’est ce que l’on appelle la dissuasion : un « équilibre de la terreur » qui s’est accompagné d’un accroissement du volume d’armement jusqu’à ce que les deux principales puissances nucléaires, États-Unis et Russie, s’engagent à baisser leur arsenal gigantesque constitué pendant la guerre froide.

Dans un récent document prospectif, les Etats-Unis annoncent s’engager dans une voie extrêmement dangereuse qui vise à développer des armes nucléaires adaptées à des théâtres d’opération spécifiques. Prétextant de nouvelles menaces venues d’Iran, de Corée du Nord, et anticipant des conflits avec la Russie et la Chine, les dirigeants Nord-Américains  développent des armes nucléaires de petites tailles qui auraient vocation non plus à dissuader mais à être utilisées au combat. Outre que la dissuasion reste une doctrine contestable puisque qu’elle débouche sur la prolifération, celle qui accompagne les déclarations incendiaires du nouveau président est proprement criminelle. On se souvient que, juste après l’accession de M. Trump au pouvoir, les Etats-Unis n’avaient pas hésité à utiliser la « mère de toutes les bombes », l’arme non nucléaire la plus puissante au monde, contre des djihadistes en Afghanistan. Il s’agissait d’une première mondiale qui laissait augurer une relance de la course à des armements particulièrement meurtriers. De fait, les budgets militaires risquent fort d’augmenter partout, alors qu’aujourd’hui, ceux de la Russie et de la Chine sont très inférieurs à celui des Etats Unis. Une fuite en avant militaire mondiale risque fort de s’engager, à laquelle, outre l’arme nucléaire, il convient d’en ajouter d’autres, de plus en plus sophistiquées et destructrices de vies humaines, comme celles à base de substances chimiques. Le caractère imprévisible de la présidence de Trump pousse de nombreux pays, notamment en Asie, à consolider leur défense. Et les responsables des institutions européennes ne trouvent rien de mieux que de proposer comme nouvel horizon la création de ce qu’ils appellent une « Défense européenne ». Ainsi l’ultralibéralisme s’accompagne partout d’une dangereuse militarisation. L’alerte est aussi sérieuse qu’inquiétante !

Des forces existent pour freiner cette course de l’humanité à l’abime. L’adoption par l’Organisation des Nations unies du traité d’interdiction des armes nucléaires en juillet dernier, avec la signature de 122 pays est un évènement considérable, conforté par l’attribution du prix Nobel de la paix aux Organisations non gouvernementales engagées dans la campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires. Evidemment, les puissances nucléaires, et en premier lieu la France, refusent de s’engager dans un processus de diminution croissante de leur arsenal, prétextant d’un contexte international instable… que ces mêmes puissances contribuent à entretenir par des offensives impérialistes, commerciales et militaires.  La loi de programmation militaire française dévoilée la semaine dernière pour les années 2019- 2025 prévoit de consacrer sur ces six ans 300 milliards à la défense nationale. Une hausse considérable qui vise, entre autre, à développer l’armement nucléaire. M. Macron refuse tout débat sur la défense nationale, préférant enfoncer le clou de la dissuasion en engageant le pays dans la modernisation de son armement nucléaire jusqu’en… 2080 !

La France devrait pourtant prendre appui sur le mouvement mondial pour le désarmement pour reconnaître le caractère barbare de l’arme nucléaire et engager un dialogue au sein des Nations Unies pour tendre vers une abolition mondiale. La dissuasion nucléaire n’est qu’un concept qui, en plus d’être très coûteux  promettait la non utilisation. Aujourd’hui il  peut vite glisser vers une réalité meurtrière. L’avenir de l’humanité passe par le désarmement nucléaire et la France s’honorerait à s’y engager. L’argent doit aller aux œuvres de vie. Pas à la préparation du cataclysme !

Patrick le Hyaric (L’HD, le 15 février 2018)

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Le retour de la menace nucléaire

le 15 February 2018

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