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Rail. Attaques à la hache par le privatiseur d’Air France

SNCF. Recentrage sur la desserte des agglomérations et casse du statut : les propositions du rapport demandé à J-C Spinetta sont à la hauteur des craintes… et plaisent au gouvernement.

Transformer la SNCF en société anonyme, comme cela avait été fait avec Orange pour ouvrir à la concurrence et pouvoir entrer en bourse ; mettre fin au statut de cheminot à l’embauche, comme cela avait également été fait avec Orange avec tout ce que cela a provoqué par la suite de concurrence entre les salariés ouvrant la porte au management par le stress. D’évidence, Orange a servi de cap au rapport sur l’avenir de la SNCF remis hier au gouvernement par Jean-Cyril Spinetta, qui avait piloté la privatisation partielle d’Air France puis son rapprochement avec KLM.

Un rapport qui confirme les pires craintes des syndicats quant à l’abandon de la mission publique de dessertes des petites villes et le recentrage de la SNCF sur les grandes agglomérations et les populations les plus riches pour abandonner les zones rurales et les CSP défavorisées au bus et à la voiture.

Dans le rapport, les formules sont alambiquées mais ne disent pas autre chose : « recentrer le transport ferroviaire sur son domaine de pertinence », c’est-à-dire les transports du quotidien autour des agglomérations et les dessertes TGV entre les principales métropoles françaises. Et d’exiger un audit des « petites lignes » en précisant qu’elles mobilisent 16% des moyens consacrés au ferroviaire, voient passer moins de 10% des trains et transportent seulement 2% des voyageurs. Jean-Cyril Spinetta s’attaque également au statut des agents de la SNCF, voulant en finir avec les fonctionnaires et suggérant de « recourir pendant deux ans à la procédure des plans de départs volontaires », pour mettre fin aux « excédents d’effectifs qu’elle gère tant bien que mal » suite à des changements d’activité et d’actions de modernisation ; cet « excédents d’effectifs » étant considéré comme évident même si le personnel de la SNCF a fondu comme neige au soleil depuis plusieurs décennies.

Un rapport d’autant plus dangereux que le gouvernement a d’ores et déjà dit tout le bien qu’il en pensait via un communiqué : « un diagnostic complet et lucide » qui « démontre sans ambiguïté la nécessité et l’urgence d’engager sans tarder une refondation de notre système ferroviaire ». Et d’annoncer l’ouverture d’une « première phase de concertation dès la semaine prochaine », rassemblant syndicats et direction de la SNCF mais aussi régions et usagers, l’objectif étant une loi d’orientation sur les mobilités annoncées pour avril.

La machine à propagande a été sortie, affirmant que le rail allemand fonctionnait bien mieux avec des cheminots qui roulaient 1.000 heures quand les Français n’affichaient que 400 heures par an, sans mentionner qu’après l’ouverture à la concurrence dans laquelle veut se lancer le gouvernement, c’est toujours l’ex-compagnie nationale qui assure 99% des lignes longue distance. Non par manque de prétendants, mais parce que ces derniers ont jeté le tablier les uns après les autres, des petits (comme les Allemands Locomore) ou des gros (comme les Français Transdev). Parmi de nombreuses raisons : la concurrence des bus, qui utilisent les routes gratuitement, sont plus flexibles et demandent moins d’investissement.

Des considérations qui ne mentionnent pas les impératifs climatiques et l’outil pertinent que constitue le train pour lutter contre les émissions de GES. Le sujet n’a même pas été mentionné dans la lettre de commande à Jean-Cyril Spinetta et le Ministre concerné, Nicolas Hulot, est pour le moins silencieux sur le sujet.

Angélique Schaller (La Marseillaise, le 16 février 2018)

Revanchards

Et maintenant un rapport sur le système ferroviaire français ! Histoire d’ouvrir une nouvelle fois la porte à un projet de réforme à venir dans la frénésie qui touche l’exécutif depuis son élection en mai dernier. Quoi de neuf sous le soleil ? Pas grand chose à vrai dire, tant le discours est rôdé et prévisible. Emmanuel Macron va certainement s’appuyer sur le contenu du rapport, dont le CV de l’auteur ne provoquait aucune crainte au président sur sa vision préétablie du service public du rail. Et pour cause.

Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage

Le texte de Jean-Cyril Spinetta cumule les lieux communs sur le secteur du transport ferroviaire : rentabilité des lignes, répartition des gares, ouverture à la concurrence avec le privé, etc. Tout est bienvenu pour nourrir une sorte d’enquête à charge contre cette vision du service public hérité de la Libération.

Bien évidemment, il ne s’agit pas de nier une évolution du milieu du rail français. Au contraire. Les habitudes des usagers ont changé, les distances se sont raccourcies au fil des ans grâce au progrès technologique et l’engagement des agents de la SNCF. Et ce malgré un climat d’austérité et managerial qui n’a rien fait pour donner les moyens aux cheminots de mener à bien leur mission d’intérêt général. Les appels à plus d’investissements sont réguliers. Mais visiblement pour les gouvernements successifs, il est plus porteur (et électoraliste) de dire que le chien à la rage.

Une orientation économique, sociale mais surtout idéologique qui vise à livrer clés en main ce pan de l’histoire industrielle française dans les bras du privé. A contre-courant des réels besoins. Car le volet « transport » de la lutte contre le réchauffement climatique est à mettre au rang des priorités. Comme alternative au tout-routier. Plutôt que de les mettre dans les mains des marchands de rêve.

Sébastien Madau (La Marseillaise, le 16 février 2018)

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Rail. Attaques à la hache par le privatiseur d’Air France

le 16 February 2018

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