La première séance plénière du parlement catalan se tient aujourd’hui, deux mois et demi après les élections du 21 décembre. Différentes questions émanant de quatre Groupes parlementaires -Junts per Catalunya, Ciutadans, PSC et Catalunya en Comú- sont inscrites à l’ordre du jour.
« Restituer » la présidence
La proposition présentée en solitaire par Junts per Catalunya visant à « restituer » la présidence de la Generalitat à Carles Puigdemont -et de l’ensemble de son équipe de gouvernement destituée par Mariano Rajoy- sera sans nul doute au centre des débats.
Faute d’avoir pu négocier à temps un accord d’ensemble avec les deux autres partis indépendantistes - Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) et la CUP (Candidatura d’Unitat Popular), le parti de Carles Puigdemont a décidé de forcer la main à ERC. De fait, Sergi Sabrià, le porte-parole de ce parti, a annoncé hier que lundi prochain, les négociations entre l’état-major de Puigdemont à Bruxelles et celui d’ERC à Barcelone, arriveront finalement à bon port. La CUP -qui exige la mise en place d’une République de Catalogne-, consultera ses comités de base ce week-end. Selon les conclusions de cet accord, un « Conseil de la République » se serait constitué ce lundi à Bruxelles, présidé par Carles Puigdemont. Une formule qui permettrait à ce dernier, d’accepter de faire « un pas de côté » et de laisser la voie libre à l’investiture immédiate d’un autre élu de son propre parti. Le candidat proposé est logiquement le second de la liste de Puigdemont, arrivée en tête du bloc majoritaire des trois partis indépendantistes. Or, le second de la liste n’est autre que Jordi Sanchez, envoyé en prison le 16 octobre dernier par la juge de l’Audience Nationale, Carmen Lamela.
Après la présentation de la proposition de Junts per Catalunya, Ciutadans (droite), principal parti de l’opposition au parlement catalan, attaquera de front toute reconnaissance -même symbolique-, à Puigdemont. Les socialistes du PSC prendront la tangente en réclamant au président du parlement Roger Torrent, qu’il mette en marche l’horloge parlementaire qui fixe à deux mois le délai pour procéder à l’investiture du Président de la Generalitat conduisant à la constitution d’un gouvernement. Quant à Catalunya En Comú (proche de Podemos) son chef de file Xavier Domènech, demandera à Torrent de lancer un nouveau tour de table qui permette de dégager un autre candidat à la présidence de la Generalitat.
Menace de Madrid
À Madrid, le porte-parole du PP au Congrès des députés, Rafael Hernandez, a menacé de renoncer à suspendre l’article 155 de la Constitution -qui a mis la Catalogne sous la tutelle du gouvernement central-, si Jordi Sanchez devient candidat à la présidence de la Generalitat. La menace est cinglante : « L’art. 155 est une mesure extraordinaire destinée à restaurer la légalité », a-t-il rappelé. Or, celle-ci sera considérée comme étant « restaurée » quand il y aura en Catalogne « un gouvernement (...) qui ne soit pas constitué par des personnes qui sont des dé- linquants présumés ».
Joana Viusà (L'Indépendant, le 1er mars 2018)
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