Le Président du parlement catalan, Roger Torrent, a fixé à lundi prochain le débat d’investiture du prochain Président de la Generalitat de Catalogne. En lice, le Député mis en examen Jordi Sánchez, actuellement en prison préventive au centre d’incarcération madrilène d’Estremera. Numéro deux de la liste d’élus de Junts per Catalunya (JxCat), l’ex Président de l’ANC (association organisatrice des grandes mobilisations indépendantistes) prend la relève de Carles Puigdemont qui a renoncé « provisoirement » à la candidature à la présidence de la Generalitat, à la suite du veto de la Cour constitutionnelle à toute tentative d’investiture en l’absence du candidat dans l’hémicycle parlementaire.
Dilemme
L’enjeu consiste maintenant à mettre dans l’embarras le juge d’instruction de l’enquête pour « rébellion ». Si dans le cas de Carles Puigdemont sa présence était requise pour être investi, le juge devrait donc autoriser la sortie du candidat emprisonné pour qu’il puisse être investi. Or, le juge Llanera s’est opposé systématiquement aux demandes de sortie de prison de Jordi Sànchez, l’empêchant, en particulier, de participer à la séance de constitution du nouveau parlement, le 17 janvier dernier. Le Député incarcéré a été contraint de déléguer son vote. Les trois autres dirigeants mis en examen et maintenus en prison préventive, -Oriol Junqueras (leader d’ERC), Jordi Cuixart, Président d’Omnium Cultural et Joaquim Forn, ex « Ministre » de l’intérieur du gouvernement de Carles Puigdemont- , ont eux aussi essuyé des refus systématiques du magistrat, qui invoque le péril de récidive en cas de libération.
Nouvelle demande de libération
Hier les avocats de Jordi Sànchez ont adressé une nouvelle demande de libération au magistrat, au nom de la présomption d’innocence, mais aussi en application « de ses droits politiques (en tant qu’élu) et de ceux de ses électeurs ». Les avocats invoquent le précédent d’un membre de l’ETA candidat à la présidence du gouvernement basque, qui fut autorisé à se rendre au vote. La seule différence, en l’occurrence, étant que dans le cas catalan, le candidat prisonnier a de fortes chances d’être investi Président de la Generalitat. Difficile pour le juge, dans cette perspective, de faire reconduire en prison le nouveau chef de l’exécutif catalan… En tout cas, JxCat portera plainte contre le juge Llarena si celui-ci persiste à refuser de libérer le candidat ou s’il l’empêche d’être conduit au parlement de Catalogne à l’occasion du vote d’investiture.
Quoique pour le moment, le revirement de la CUP (Candidatura d’Unitat Popular), pourrait paradoxalement tirer le magistrat de l’embarras. Le week-end dernier l’assemblée des militants de ce petit parti révolutionnaire a décidé de ne pas soutenir l’élection de Jordi Sànchez, coupable d’avoir indiqué qu’il renonçait à la DUI (Déclaration Unilatérale d’indépendance) lors de son interrogatoire.
Or, le bloc indépendantiste, déjà amputé de deux élus, -les exilés Carles Puigdemont et Toni Comin- comptait sur au moins deux des 4 élus de la CUP pour investir Jordi Sànchez. Sinon, les quatre partis de l’opposition l’emportent d’une voix. Esquerra republicana de Catalunya (ERC) a essayé en vain ce week-end dernier, de convaincre le parti Catalunya en Comú-Podem, de s’abstenir lors du vote le 12 mars prochain. Mais, ce dernier a exigé en contrepartie que ERC renonce « publiquement à la voie unilatérale de l’indépendance ».
Joana Viusà (L’indépendant, le 7 mars 2018)
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