Cette semaine l’ex-Président de la Generalitat Carles Puigdemont a orchestré plusieurs opérations d’internationalisation de la cause catalane. C’est devenu sa mission, après avoir avoué sur la radio catalane RAC1, il y a quelques jours avoir « commis l’erreur de ne pas proclamer la République », juste après avoir déclaré l’indépendance de la Catalogne le 10 octobre dernier, ayant cru aux promesses de négociations de l’entourage de Mariano Rajoy.
Tribune à l’ONU
La plus importante de ces opérations est encore en cours au siège de l’ONU à Genève, en concomitance avec la trente-septième session du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU. Puigdemont était présent à l’ouverture du colloque, lundi, sur le thème : « Régression des Droits de l’Homme en Espagne ».
Invité de marque à l’ouverture de ce colloque genevois, l’ex-juge du Tribunal Suprême espagnol José Antonio Martín Pallin, a dénoncé l’imposition du pouvoir judiciaire sur le parlement, « comme du temps de la loi organique sous Franco ». Il est par ailleurs convaincu qu’arrivée à son terme judiciaire, la nullité de l’affaire sera invoquée, faute de preuves. Le même jour, celle qui était Ministre de l’éducation du gouvernement Puigdemont, Clara Ponsatí s’est rendue en Autriche puis en Allemagne où elle a participé à d’autres manifestations similaires, avant de regagner sa chaire d’économie à l’université de Saint Andrews en Écosse. Demain jeudi, Puigdemont est invité au parlement de Finlande à Helsinki. L’ex-président de la Generalitat doit se dépêcher de tirer un maximum de parti de son exil avant que le juge du Tribunal Suprême Pablo Llarena ne déclare close l’instruction, le mois prochain. Dès lors, Puigdemont -ainsi que le reste de personnes incriminées pour sédition, rébellion et détournement de fonds, des faits passibles de trente ans d’emprisonnement en Espagne-, serait dépossédé de son siège d’élu, en attendant le verdict définitif au terme du procès qui devrait se dérouler en fin d’année.
La perte prévisible de son siège, ainsi que de celui que détient encore un autre de ses compagnons d’exil, Toni Comín, serait attribué à deux autres élus de la liste de Junts per Catalunya, ce qui restaurerait automatiquement la majorité nécessaire (JxCat + ERC) pour élire le prochain Président de la Generalitat. Unique solution, si la CUP maintient son refus de participer au vote d’une investiture « autonomiste » et non « républicaine ».
Possible libération de Joaquim Forn
Le parquet sollicitait hier que l’ex-Ministre de l’Intérieur de la Generalitat, Joaquim Forn, puisse retrouver la liberté, moyennant une caution de 100.000 euros. Ses avocats on fait valoir qu’il a renoncé à son siège d’élu et des raisons de santé. À sa suite, les juges examinaient hier la troisième des requêtes d’élargissement du candidat à la présidence de la Generalitat, Jordi Sànchez. Ses avocats ont déclaré que leur client était prêt lui aussi, à renoncer à son siège de Député au parlement de Catalogne, et donc à sa candidature à la tête de la Generalitat. Mais le procureur n’en a eu cure. Les trois juges affectés à l’examen des demandes de libération décideront, en dernière instance. L’annonce d’un nouveau candidat ou candidate à la présidence de la Generalitat devrait se produire dans les prochains jours.
Joana Viusà (L’Indépendant, le 21 mars 2018)
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