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Ce 22 mars, un début…

Les 161 manifestations de retraités qui ont irrigué l’ensemble du territoire semblent montrer que la tentative du pouvoir macroniste de mettre en concurrence les retraités avec les actifs commence à faire long feu. Ces mouvements renforcent ceux des personnels des EHPAD et des hôpitaux exsangues, des élus qui refusent qu’on leur serre la vis autoritairement, des travailleurs de l’énergie, des étudiants et bien d’autres encore.

De plus en plus nombreux sont ceux qui mesurent que l’offensive contre les uns ne sert qu’à préparer celle contre les autres et, qu’au bout du compte, c’est un remodelage régressif de La France qui s’accélère au rythme effréné des contre-réformes et des privatisations.

L’entreprise de division, palpable dans chaque attaque du pouvoir, est l’ennemie mortelle contre laquelle il va falloir se dresser avec la force des arguments et la patience du débat serein. Elle est le poison instillé chaque jour par une majorité écrasante d’éditorialistes et les porte-paroles gouvernementaux pour tenter de retourner l’opinion publique contre les cheminots, les retraités et tous ceux qui manifestent leurs désaccords.

Pour que ce système au service de l’argent-roi se perpétue, une nouvelle et décisive brèche contre le droit social est engagée. Les syndicats ont d’ores et déjà réussi à gagner une précieuse et historique unité. Et c’est dans l’unité qu’ils inaugurent une nouvelle forme d’action pour tenir le mouvement dans la durée, d’avril à juin, avec des grèves hebdomadaires de deux jours sur cinq. Il s’agit d’un plan de bataille ambitieux et audacieux dans un contexte difficile pour les forces syndicales et sociales, qui va nécessiter la solidarité accrue de nos concitoyens et le dévouement des militants.

Les défis auxquels la SNCF est confrontée n’ont pas grand-chose à voir au statut de ceux qui y travaillent mais avec la vie des territoires, de l’environnement, la sécurité, la possibilité de se déplacer partout à un prix raisonnable. Le code du travail des cheminots n’a strictement aucune incidence ni sur la dette du système ferroviaire, ni sur le sous-investissement chronique qui cause aujourd’hui tant de dysfonctionnements et de colère chez les usagers. Faire porter là le débat est une manœuvre de diversion et de division. Il s’agit de  faire accepter que notre système ferroviaire, dont nous sommes tous les propriétaires et qui a été financé par des générations de travailleurs, d’usagers et de contribuables, soit bradé à la découpe à des groupes privés qui s’aiguisent les dents dans la perspective de l’ouverture à la concurrence  du rail prévue en 2019.

Le principe du statut est attaqué car il est un obstacle, pour les firmes transnationales, à la mise en concurrence de leurs salariés devenus de simples variables d’ajustement dans la course au taux de profit maximum. A l’opposé, le statut inhérent au service public est une garantie pour les usagers et la société en son entier.

C’est le point saillant qu’il convient d’expliquer à nos amis, à nos collègues, nos familles. Laisser casser le statut des cheminots, conquête sociale centenaire qui a servi d’aiguillon à toutes les luttes pour les droits, l’élévation du niveau de vie et des conditions de travail de toutes et tous, reviendrait à dégager le terrain pour que soit attaqué celui de la fonction publique puis le système de retraite et  l’ensemble des protections sociales dont bénéficient encore, mêmes sérieusement amoindries, les travailleurs du pays, afin de les réduire à l’état de simples fantassins dans la guerre économique qui s’intensifie au profit d’une infime minorité d’accapareurs. Les suites de la journée d’action du 22 mars nous concerne donc toutes et tous !

D’autant que la besace du Président est pleine de contre réformes régressives pour finir de plier la France aux sordides canons du capitalisme en crise. Les retraites, la sécurité sociale, le patrimoine public, les participations de l’état dans les grands groupes, représentent une manne colossale pour un capital avide de gaver ses actionnaires. Cette violence antisociale se combine avec une inédite régression démocratique. Pour parvenir à ses fins, le Chef de l’Etat a besoin d’affaiblir le rôle des maires, de modifier la Constitution pour limiter le poids des élus, et de faire trébucher le mouvement syndical. C’est la démocratie qu’il veut travestir. Tenter d’humilier les cheminots est un point de passage pour s’en prendre à la classe ouvrière, au monde du travail et de la création tout entier.

L’enjeu est donc colossal. La bataille s’annonce longue. Elle peut être l’occasion d’un large et vrai débat qui mettrait à nue les arguments fallacieux du gouvernement et du patronat. C’est la raison du pari risqué pris par M. Macron de passer une nouvelle fois par la procédure antidémocratique des ordonnances : tuer dans l’œuf toute forme d’intelligence collective, empêcher les débats publics. Le temps du débat est un moment indispensable pour contribuer à ce que le pays prenne conscience de ce qui se joue, pour son présent et son avenir, dans l’affrontement recherché par le gouvernement.

Il sera d’autant plus productif en se plaçant résolument du côté de la profonde et nécessaire transformation de la SNCF et des autres services publics. Les arguments sociaux, politiques, écologiques ou de sécurité publique ne manquent pas. L’heure est à les faire connaître.

Patrick le Hyaric (l’HD, le 22 mars 2018)

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Ce 22 mars, un début…

le 22 March 2018

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