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« Allo Perpignan, ici Gaza ». Conversation en direct entre un Palestinien et des militants place Arago

Côté place Arago, José Pérez et son téléphone portable connecté à un mégaphone. C’est aussi simple que cela. A l’autre bout du fil, Bassem est chez lui à Gaza. Il est 18h30 sous les palmiers de Perpignan ce mercredi quand la voix du Palestinien se fraye un passage entre le couloir des bus et les conversations ambiantes pour capter l’attention de la centaine de personnes rassemblées. D’ordinaire les membres du Collectif 66 Paix et Justice en Palestine se « contentent » de crier dans les rues de la ville leur indignation, adressant ainsi aux habitants de Palestine un soutien aussi ténu qu’un lâcher de ballons sous les bombes. Hier, leur conviction a pris corps grâce à un brin de technologie. Tous ensemble, ils ont scandé face au téléphone « Gaza on est tous avec toi ! Gaza on est tous avec toi ! ». Quelques jours après la sanglante répression par Israël de la manifestation de vendredi (18 Palestiniens ont été tués), l’émotion est palpable parmi les soutiens catalans. Mais c’est dans la voix de leur contact habituel sur place, le professeur de français Bassem, qu’elle est la plus prégnante. En témoignent sans doute les nombreuses pauses qu’il effectue quand il parle. « Merci pour votre soutien, je vous parle ici de Gaza, où la situation est très, très… très difficile », commence-t-il. Et alors que tous imaginent qu’il va parler des derniers événements qui ont marqué les observateurs occidentaux, Bassem décrie avec minutie les problèmes quotidiens d’électricité, le manque d’accès à l’eau potable, les problèmes de chômage. Les conséquences du blocus imposé par l’État hébreu dans la bande de Gaza se rappellent au souvenir des militants : « Beaucoup d’enfants meurent à cause de l’utilisation des bougies dans les maisons privées d’électricité. Nous avons des milliers de malades du cancer à cause de la pollution. Beaucoup d’entre eux aimeraient sortir pour se soigner, mais toutes les frontières sont fermées et les ils meurent à Gaza faute de médicaments. Nos enfants aimeraient vivre comme les autres enfants du monde, manger, jouer, sortir, s’amuser… »

Échauffourée express

Quand une militante du Collectif 66 demande à Bassem de commenter les conséquences de la « marche pacifique pour le droit au retour », l’enseignant palestinien explique qu’elle représente pour les habitants de Gaza privés de leur terre leur désir « de retourner un jour dans leur ville ».

Mais sur la place Arago aussi, le sujet est sensible. Et un homme, arrivant de derrière l’attroupement interrompt le Palestinien en hurlant « Et les Juifs qu’on tue ici, qu’est-ce que vous en faites ? ! » Il n’en fallait pas plus pour provoquer une montée d’adrénaline en quelques secondes. Même si une réponse a fusé -« On les défend aussi ! »-, une rapide bousculade au son de « Pas de violence » amis fin à la communication avec Gaza. La police municipale, elle, a très vite mis fin au début d’échauffourée.

La ligne directe perdue, pas moyen de la rétablir… Les manifestants ont décidé d’aller faire entendre leur colère ailleurs : directement sous les fenêtres du Préfet.

Sophie Babey (L’Indépendant, le 3 avril 2018)

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« Allo Perpignan, ici Gaza ». Conversation en direct entre un Palestinien et des militants place Arago

le 04 April 2018

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