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Cabestany. André Maratrat et Nicole Rey, passeurs de mémoire

André Maratrat parcourt inlassablement le département pour transmettre aux collégiens le récit de ses années de résistance et de déportation de 1940 à 1945, au camp de Struthof en Alsace annexée à l’époque par l’Allemagne. À 95 ans, sa mémoire est restée fidèle ainsi que les noirs souvenirs présents jusque dans les détails qu’il décrit aux adolescents pour que nul n’oublie. En raison de son état de fatigue actuel, c’est Nicole Rey, elle-même petite-fille et fille de résistants et de Déportés, qui est intervenue à sa place devant deux cents collégiens des classes de 3e de Pablo-Casals dans une salle Cerda comble et silencieuse.

« Comme André », précise-t-elle, « je suis un passeur de mémoire. J’avais cinq ans lorsque mon père est rentré à la maison après cinq années d’internement dans le camp de concentration de Bergen Belsen en Allemagne. Résistant, il fut dénoncé par un Français et c’est un Allemand qui le libérera ». Devant l’auditoire des visages lisses aux regards graves, elle décrit avec des mots simples mais percutants les conditions de vie inimaginables subies par les victimes des nazis. Sur le grand écran tandis qu’elle narre le récit d’André Maratrat, sont projetés les dessins d’Henri Gayot, l’un de ses compagnons d’infortune. Ces traces sur le papier seront cachées comme les négatifs des photos réalisées par le journaliste-photographe Francisco Boix sur le même site qui ajoutent aux multiples témoignages du projet d’extermination mis en place par le régime nazi.

Nicole Rey commente et décrit l’horreur quotidienne, la peur, l’humiliation, la mort. Tout est rappelé : les hommes, femmes et enfants entassés par centaines dans les wagons à bestiaux, les triangles de carton dont la couleur différencie juifs, résistants, tziganes, communistes, homosexuels… Elle évoque les longues heures subies debout, après plusieurs heures de travail, sur un ordre absurde jusqu’à la mort souvent ; les kapos et les chiens ; les pendaisons et les exécutions par balle dans la nuque, le typhus, les fours crématoires et les chambres à gaz puis les fosses communes et le grésil lorsque les morts seront trop nombreux pour être brûlés. Elle finira le long rappel des souffrances endurées par les expériences médicales perpétrées sur les femmes et les enfants.

Des paroles dures et traumatisantes énoncées devant des adolescents pour qui l’époque est très lointaine mais qui, confrontés actuellement par l’horreur des attentats et les images de guerre de par le monde, comprennent et analysent tout le sens de mots tels que racisme, extermination et résistance.

À la question d’un collégien : « Pourquoi les gens ne se révoltaient pas et ne tentaient pas de fuir ? » Nicole Rey répond : « Les évasions étaient difficiles pour des personnes fragilisées par ces conditions épouvantables mais l’acte de résistance primordial dans les camps fut celui de la solidarité. On partageait tout pour sauvegarder la vie ».

Patricia Vedrenne (L’Indépendant, le 4 mai 2018)

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Cabestany. André Maratrat et Nicole Rey, passeurs de mémoire

le 04 May 2018

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