Fédération des Pyrénées-Orientales

Accélération et revirement de situation, hier, dans le dossier catalan, au point mort depuis des mois. Son investiture à distance ayant été rendue impossible suite au nouveau barrage opposé par Madrid, Carles Puigdemont a confirmé hier dans la soirée qu’il renonçait à redevenir président de la Generalitat, et a annoncé le nom de son successeur : Quim Torra, un nouveau venu en politique. Une annonce surprise : à l’origine, l’ex chef de l’exécutif catalan et l’état-major de sa formation JxCat, devaient tenir une réunion aujourd’hui à Berlin, à l’issue de laquelle le nom du candidat définitif à la présidence devait être rendu public. Carles Puigdemont a manifestement décidé d’accélérer le tempo. Dès aujourd’hui, le président du Parlement catalan Roger Torrent consultera les différents groupes parlementaires sur cette candidature, et la séance d’investiture devrait se tenir dans la foulée. Dans un premier temps, Quim Torra n’obtiendra pas la majorité absolue. Mais un second vote se tiendra, au terme duquel il pourra être élu à la majorité simple. Et Madrid devrait laisser faire… Car dans l’autre camp, les choses ont aussi bougé hier. Mariano Rajoy a opéré un virage à 180 degrés. Pour la première fois, le chef du gouvernement espagnol s’est engagé sur la chaîne Antena-3 à mettre en œuvre « un processus de dialogue ». « Je suis prêt » a-t-il affirmé avec force « à dialoguer sans autres limites que le respect de la loi ». Depuis des années, les dirigeants catalans demandaient des négociations bilatérales à Rajoy, qui a toujours fait la sourde oreille. Autre signe de déblocage : le juge Pablo Llarena a introduit dans l’ordonnance de mise en accusation des 23 inculpés, un nouveau chef d’inculpation bien moins grave à l’encontre des principaux dirigeants, qui encourent de 25 à 30 ans en cas de rébellion, et seulement 4 à 8 ans pour « conspiration ou sédition en vue d’une rébellion ». A suivre, et apparemment très vite.

L’Indépendant, le 11 mai 2018