Il se présente aujourd’hui devant les députés pour obtenir l’investiture.
Né à Blanes en 1961, Joaquim Torra, plus connu comme Quim Torra, a longtemps travaillé dans les assurances, après avoir décroché sa licence en droit au sein de l’université autonome de Barcelone. Nommé à la direction d’une compagnie d’assurances en Suisse, il décide alors de tout plaquer pour fonder en 2008 la maison d’édition « A Contravent ». Il se lance dans la production d’une dizaine d’essais sur l’histoire républicaine de la Catalogne, et l’exil qui a suivi la guerre civile espagnole. Le dernier ouvrage qu’il a publié annonce tout un programme : « Les derniers 100 mètres. Feuille de route pour remporter la République catalane ». Quim Torra s’est aussi intéressé au processus d’indépendance du Kosovo.
En 2015, à la suite du décès accidentel de Muriel Casal, il lui succède brièvement à la présidente d’Omnium Cultural. Cette organisation, à l’instar de l’Assemblée nationale de Catalogne (ANC), mobilise depuis des années des centaines de milliers de manifestants indépendantistes.
Tweets polémiques
Le quatrième des candidats qui se présente ce midi au vote d’investiture des élus du Parlement de Catalogne, est certes un député de Junts per Catalunya, mais il ne traîne aucune casserole judiciaire, comme le souhaitait le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy. Depuis que Carles Puigdemont a annoncé sa candidature jeudi soir, son profil radical a cependant été très critiqué, surtout dans le camp de l’opposition « loyaliste » (les trois partis qui ont soutenu la mise sous tutelle de l’administration catalane, le Partido Popular, Ciutadans et le Parti socialiste catalan). Et même du côté des « Podémistes ». C’est ainsi que la maire de Barcelone Ada Colau exprimait hier soir son dépit : « Quim Torra est sans doute le candidat le plus fidèle à Carles Puigdemont, mais en ce moment, la Catalogne a besoin d’un candidat capable de dialoguer et de recoudre le pays ». La maire de Barcelone se plaignait de certains tweets diffusés il y a quelques années par le candidat, qualifiés de « commentaires ethnicistes et offensifs contre des millions de Catalans » et pour lesquels elle réclamait que le candidat demande pardon « s’il tient à se présenter à l’investiture ».
Un acte de contrition que le candidat Quim Torra a exprimé au Journal télévisé de TV3, au cours de sa première intervention publique, peu après celle du Président de la Generalitat destitué, Carles Puigdemont, annonçant solennellement son nom depuis Berlin, sur la même chaîne catalane.
« Plan de restauration »
Au cours de cette première interview, l’aspirant à la présidence de la Generalitat a expliqué que son mandat sera « une étape de transition » parce que le nouveau gouvernement catalan sera confronté « à un défi monumental, à une crise humanitaire, marquée par des dirigeants en prison, en exil… ».
S’il est investi président de la Generalitat, Quim Torra assure qu’il mettra en œuvre un « plan de restauration » de tout ce que la mise sous tutelle de la Catalogne a entraîné, et la remise en question des destitutions politiques et administratives, etc.
Quim Torra a néanmoins qualifié de « très intéressante » la proposition de dialogue lancée jeudi par Mariano Rajoy, et salué au passage les propos du président de la Commission Européenne Jean-Claude Junker, réclamant un dialogue entre Madrid et Barcelone.
Joana Viusà (L’Indépendant, le 12 mai 2018)
Cinq mois après la victoire réaffirmée du bloc indépendantiste, sept mois après la destitution de l’ensemble du gouvernement de Carles Puigdemont, et après trois candidatures avortées à la présidence de la Generalitat (Carles Puigdemont, Jordi Sanchez et Jordi Turull), un quatrième candidat, Quim Torra, se présente donc ce midi devant le parlement catalan, pour solliciter auprès des élus l’investiture à la présidence de la Generalitat. Le candidat ne sera pas élu au premier tour, faute de majorité absolue. Un second tour, convoqué pour lundi, ne requiert que la majorité simple des voix, en comptant sur l’abstention des 4 élus de la CUP. La semaine prochaine, la Catalogne pourrait donc retrouver un président…
L’Indépendant, le 12 mai 2018
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