Lundi Quim Torra se rendra à la prison madrilène d’Estremera. Il devrait y rencontrer Jordi Turull et Josep Rull, deux anciens ministres du gouvernement destitué de Carles Puigdemont.
Même combat
Le nouveau Président de la Generalitat, qui doit constituer mercredi son gouvernement, veut rétablir les deux prisonniers à leurs postes. Un objectif qui ravive les tensions d’autant que le Tribunal Suprême refusera de leur accorder le droit de sortie indispensable à leur réintégration. Le porte-parole du gouvernement espagnol, Íñigo Méndez de Vigo, interrogé hier matin en conférence de presse au palais de la Moncloa, estimait que l’idée d’exercer un ministère du fond d’une cellule de prison était contraire au « bon sens ».
Sans doute assiste-t-on aux dernières cartouches tirées par la majorité indépendantiste (qualifiée désormais de « républicaine »), laquelle chercherait à renforcer sa position sur l’échiquier des futures négociations avec Rajoy. Des pourparlers qui pourraient être imminents. Ainsi il y a quelques jours, Mariano Rajoy prenait tout le monde à contre-pied en attrapant la balle du dialogue lancée au vol depuis Berlin par le nouveau président Quim Torra. Une invitation relancée hier soir, pour une « réunion sans conditions » et « pour parler de tout ». Et pourquoi pas dès « demain » (aujourd’hui) suggère même Quim Torra…
Torra-Le Pen ?
La modération nouvellement affichée par le leader du Partido Popular vis-à-vis du conflit catalan contraste avec la radicalisation des deux autres formations alliées avec ce parti au sein du « pacte constitutionnaliste » qui a servi à la mise sous tutelle de l’administration catalane, via l’article 155 de la Constitution.
Tandis qu’Albert Rivera, le leader du parti de droite Ciudadanos, exige péremptoirement de Rajoy qu’il maintienne la tutelle sur la Catalogne, -voir qu’il l’élargisse en prenant la direction des « Mossos » (la police catalane) et de TV3-, le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, attisait davantage le feu, au cours d’une rencontre à Mérida hier avec le président socialiste de la région autonome d’Extrémadura, Guillermo Fernández Vara, en assurant que « l’opinion publique européenne a été commotionnée en apprenant que la xénophobie a pris les rênes du mouvement indépendantiste en Catalogne ». Le dirigeant socialiste allant jusqu’à qualifier Quim Torra de version catalane de « Le Pen ».
Joana Viusà (L’Indépendant, le 19 mai 2018)
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