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Dette de la SNCF. Le tour de passe-passe du gouvernement

Tout sauf un hasard du calendrier, le Premier ministre doit annoncer ce vendredi, jour où il reçoit les syndicats, que la dette de la SNCF serait partiellement reprise. Dette en rien imputable au statut juridique de l’entreprise ou à celui de ses salariés, mais à des choix politiques synonymes de désengagement de l’État.

Première étape : nier l’expression des cheminots en dénigrant un référendum au verdict pourtant indiscutable(*). Pour enclencher immédiatement la seconde : focaliser les esprits sur une seule et unique question, celle de la dette de la SNCF, en n’hésitant pas à tordre les faits et asséner des contre-vérités.

Au lendemain des résultats de la consultation démocratique organisée par l’intersyndicale CGT-CFDT-Unsa-SUD, et alors que débute ce vendredi un nouveau round de rencontres bilatérales entre le Premier ministre Édouard Philippe et les organisations syndicales, l’Exécutif met le paquet sur la com’ pour préparer ce qui doit être considéré comme l’annonce du jour. A savoir que l’État s’acquitterait d’une partie de la dette de la SNCF. C’est ce qu’a pris soin d’indiquer, hier sur LCP, Jean-Baptiste Djebbari, rapporteur du projet de réforme ferroviaire (LREM). Avançant y compris une fourchette qui se situerait « entre 30 et 35 milliards d’euros » sur un montant total avoisinant les 52 milliards. Une sorte de « teasing » pour non seulement reléguer au second plan la parole syndicale, mais également pour masquer ce dont il s’agit réellement.

La SNCF s’endette pour rembourser la dette

Car cette fameuse dette que le gouvernement affirme « reprendre » -en partie seulement, au demeurant- n’est rien de moins que ce que l’État doit à l’entreprise publique. Une ardoise qui s’est alourdie au fil des ans et de son désengagement croissant. Ce que relève de manière limpide le cabinet Degest : « Depuis 2010, en raison de l’état vieillissant du réseau et de la volonté de développer de nouvelles lignes de TGV, l’État a engagé SNCF Réseau dans un programme d’investissements dépassant les 5 milliards d’euros annuels. Au même moment, l’État réduit drastiquement ses subventions, ce qui créé un effet ciseau et contraint SNCF Réseau à recourir massivement à l’endettement. » Avec un effet pervers : « La dette accumulée est devenue tellement importante que SNCF Réseau est obligée de s’endetter… pour rembourser sa dette… créée par l’État. »

Un cercle vicieux savamment entretenu afin d’accréditer l’idée que l’entreprise publique et ses salariés sous statut coûtent cher. Afin de mieux faire passer la pilule d’une réforme préparant le terrain de la privatisation, bien que le gouvernement s’en défende. Nul doute en effet que la reprise de la dette, présentée comme un geste magnanime, n’a d’autre but que de faciliter le passage en société anonyme.

Pas dupe de la manoeuvre, le syndicat CGT Cheminots, qui contrairement à l’idée largement véhiculée ne se borne pas à la seule contestation, a élaboré un projet alternatif. Aux antipodes des orientations libérales à l’oeuvre depuis des années et que le tandem Macron-Philippe entend finaliser. Les propositions syndicales tendent ainsi à conforter et développer le service public à travers des mesures concrètes et chiffrées. La CGT considère notamment que « l’État doit prendre ses responsabilités en transformant sa dette du système ferroviaire en dette publique ». Notamment à travers la création d’une Caisse d’amortissement de la dette ferroviaire de l’État (CADEFE) qui permettrait « l’apport mécanique de près de 2 milliards d’euros tous les ans au système ferroviaire en le libérant des intérêts bancaires de la dette ». Parmi les autres axes de réflexion qu’elle verse au débat, figure la nationalisation des autoroutes dont la « rente » tombant dans l’escarcelle des sociétés concessionnaires représente une manne financière non négligeable : « En 2016 (…) les actionnaires se sont partagé 4,7 milliards d’euros de dividendes. » Ou encore, la mise en place d’une « éco taxe poids lourd comme autre ressource à la CADEFE per- mettrait d’apurer la dette », estime la CGT. Autant de mesures, assorties d’autres, qui concourent à rediriger l’argent de la spéculation vers l’intérêt collectif, plutôt que de ponctionner encore et encore les contribuables.

La Marseillaise, le 25 mai 2018

(*) 61% de participation et un « non » à la réforme avoisine les 95%.

Une « rente » pour le système Financier

L’analyse du cabinet d’expertise Degest est éclairante à plus d’un titre. Elle fait apparaître l’inefficacité des orientations politiques qui ont prévalu quant à la gestion de la SNCF. Et avec lesquelles le gouvernement n’entend pas rompre. Au contraire. Elle souligne ainsi que durant « la période 2010-2017, seuls 41% des montants nouveaux empruntés ont été utiles au système ferroviaire ; 59% ont servi le système financier ».

La Marseillaise, le 25 mai 2018

« Parti pris idéologique »

Pour Pierre Laurent (PCF), la réforme ferroviaire du gouvernement relève d’un « parti pris idéologique ». Soit une logique libérale prônée par les apôtres d’une concurrence libre et non faussée qui considèrent tout ce qui garantit un service public de qualité comme des entraves. Dans la bataille du rail actuellement engagée, le responsable communiste estime que la « question de la dette est essentielle », et en appelle une autre : celle d’un financement efficace pérenne, dont le poids ne doit pas peser « sur les salariés et les contribuables ». Il formule à cet égard un certain nombre de propositions.

La Marseillaise, le 25 mai 2018

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