L’Aquarius voit son trajet s’allonger pour éviter le mauvais temps avec à bord des gens épuisés. Tandis que les chefs de gouvernement font dans la surenchère.
Le port de Valencia est toujours très loin pour les 629 migrants réfugiés à bord de l’Aquarius. Le navire escorté par deux bateaux italiens a en effet du changer de cap hier pour éviter les vents de 35 nœuds et les vagues de 4 mètres qui rendaient malades les passagers déjà épuisés. En contournant la Sardaigne, ils ont considérablement allongé le trajet pour atteindre l’Espagne.
« À bord ce matin, il a plu, rendant le pont et les escaliers glissants. Les gens sont allongés sur le sol, femmes enceintes, mères qui allaitent, bébés, patients brûlés, personnes qui se sont presque noyées » a twitté Aloys Vimard, coordinateur Médecins sans frontière à bord de l’Aquarius.
Pas de quoi émouvoir les dirigeants des pays européens. Chacun prépare dans son coin la tactique à exposer lors du sommet des chefs d’État du 28 et 29 juin. Après avoir mis en scène leur différend, Emmanuel Macron et le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte ont finalement décidé de maintenir le repas qui doit les réunir aujourd’hui. Parce que des « nouvelles initiatives à discuter ensemble étaient nécessaires » selon l’Elysée.
Mais ce n’est visiblement pas avec la France que le nouveau gouvernement italien a envie de construire l’avenir. Le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini s’est en effet rapproché de son homologue autrichien Herbert Kickl, également d’extrême droite, et du (très) conservateur allemand Horst Seehofer. Ensemble, ils ne veulent rien moins que construire « un axe des volontaires » pour s’attaquer à l’immigration clandestine.
Pire, le chancelier autrichien Sebastian Kurz, dont le pays assumera la présidence tournante de l’Union européenne à partir du 1er juillet, a annoncé vouloir faire de la « lutte contre l’immigration illégale » la priorité de son mandat.
Pendant ce temps, ceux qui sont à l’origine de cette situation en orchestrant le plan extrêmement mal fagoté de relocations, donnent des leçons. François Hollande déplore ainsi « l’incohérence » et la « division » des pays européens. Lui qui s’était querellé avec l’Allemagne sur le terme de « quotas ». Angela Merkel, elle, ose dire qu’il faut « une véritable action européenne commune ». Que faisaient-ils en 2015, quand Italie et Grèce réclamaient cette action coordonnée et commune ?
Angélique Schaller (La Marseillaise, le 15 juin 2018)
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