Ian Brossat, chef de ile des communistes pour les européennes, était jeudi dans la région à la rencontre de travailleurs détachés et de syndicalistes pour porter les propositions du PCF contre le dumping social.
La Marseillaise. Quel est votre diagnostic de la problématique des travailleurs détachés en France ?
Ian Brossat. Je fais un double constat. Premièrement, nous assistons à une augmentation sensible du nombre de travailleurs détachés, il a été multiplié par 7 en 10 ans dans les Bouches-du-Rhône par exemple. Également les dérives de leurs conditions de travail, qui s’apparentent plus à de l’esclavage moderne que du travail. On voit des salariés équatoriens avec des contrats espagnols dans des champs français logés à 8 dans une insalubrité insupportable. On ne peut pas accepter de telles pratiques au 21e siècle. Mais c’est une problématique très large qui concerne aussi le secteur du BTP, je le vois comme adjoint en charge du logement à Paris où j’assiste aux mêmes dérives. Cela pose la question de quelle Europe voulons-nous ? Avec la mise en concurrence généralisée, on tire tout le monde vers le bas. C’est une question que je compte bien porter dans les débats de l’élection européenne.
La Marseillaise. Emmanuel Macron se félicite pourtant d'avancées sur la question.
Ian Brossat. La nouvelle directive de l’Union européenne connaît des insuffisances majeures. L’UE n’a pas les moyens, ou plutôt la volonté, de contrôler le respect des conditions de vie des travailleurs détachés. Le principe qui devrait prévaloir est simple : si l’on travaille en France on devrait avoir un contrat français. Macron tente d’organiser un faux débat entre les libéraux et les anti-Union européenne. En faisant ça, il jette dans les bras de l’extrême droite, les déçus de l’UE. Beaucoup ne supportent plus à juste titre le dumping social et fiscal. Je ne suis pas partisan d’une sortie de l’UE mais il faut faire en sorte qu’elle soit autre chose qu’une machine à engranger de l’argent.
La Marseillaise. Quelles autres propositions portez-vous pour l’Europe ?
Ian Brossat. La question du travail et des travailleurs est essentielle, le PIB de l’Union Européenne augmente chaque année. Dans le même temps, la pauvreté a progressé de 10% au sein de l’Union. Des richesses supplémentaires sont produites mais les salariés s’appauvrissent. L’UE encourage la mise en concurrence et les privatisations. Dans cet esprit nous allons défendre l'idée de service public. On le voit avec la question du ferroviaire, la bataille à l'échelon européen est primordiale. La lutte contre l’évasion fiscale est un autre point. L’UE est organisée autour de l’argent, dirigée par les banques et les lobbies. C’est une passoire fiscale, 1.000 milliards d’euros partent en fumée chaque année. De même pour l’accueil des réfugiés, la position de l’UE est lamentable. Elle a joué au ping-pong avec la vie des réfugiés de l’Aquarius. Nous proposons une voie d’arrivée légale prenant la forme d’un couloir humanitaire avec des clés de répartition pour que l’ensemble des pays assument leur part d’humanité.
Amaury Baqué (La Marseillaise, le 13 juillet 2018)
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