Ciné-rencontres de Prades. La 59e édition du festival démarre aujourd’hui.
« Silence, moteur, ça tourne, action ! ». La 59e édition du festival des Ciné-rencontres installe son décor de 7e art à partir d’aujourd’hui au cinéma le Lido à Prades. Une semaine durant laquelle les projections vont se succéder et cette année, pour invités, ce sont les réalisateurs Marion Hänsel et Laurent Cantet qui seront au centre des écrans. Pour lancer l’événement, rencontre avec la réalisatrice bruxelloise.
L’Indépendant. Que vous inspire le festival des Ciné-rencontres ?
Marion Hänsel. Je trouve que c’est assez formidable parce que d’abord ça se passe dans une petite ville où il n’y a peut-être pas tout le temps de gros événements. Moi quand je fais des festivals plus petits, je trouve que c’est beaucoup plus agréable d’abord parce qu’on rencontre vraiment le public et le travail des invités est plus approfondi. Ici je vais avoir le temps de connaître l’équipe, de connaître le public, qui va sûrement revenir plusieurs fois donc il y a assez vite un lien qui peut s’installer entre le téléspectateur et le réalisateur, et je trouve ça très intéressant. Je me réjouis vraiment beaucoup de venir.
L’Indépendant. C’est la première fois que vous venez dans les P.-O. ?
Marion Hänsel. J’ai sans doute peut-être déjà traversé la région mais je ne la connais pas bien du tout, donc en plus je vais la découvrir. C’est parfait.
L’Indépendant. En tant que réalisatrice, vous semblez avoir un petit penchant pour l’adaptation de romans en longs-métrages. C’est l’exercice que vous préférez ?
Marion Hänsel. J’aime bien les deux : écrire un scénario original et adapter. Je n’ai jamais pensé que c’était mineur par rapport à un scénario original. Adapter ce n’est pas recopier un livre c’est transformer pour un autre média. Et comme j’adore la littérature et je lis beaucoup, quand j’ai un coup de cœur pour un roman, c’est un travail que j’aime beaucoup faire.
L’Indépendant. Comment les réalisateurs de votre génération ont-ils vu évoluer le cinéma belge ?
Marion Hänsel. Je l’ai vu évoluer très bien. Au début, quand j’ai commencé, il y a plus de 40 ans, il y avait très peu de réalisateurs et de productions belges. Aujourd’hui, je pense qu’on a un cinéma original, hors mode, qui n’essaie pas de faire à l’américaine, on est assez personnel dans notre travail. Une très haute qualité du cinéma belge.
L’Indépendant. Qu’est-ce qui le différencie du cinéma français ?
Marion Hänsel. Dans notre humour il y a quel- que chose d’assez atypique, parfois des choses improbables ou décalées où on peut être assez insolent. Une autre manière que la France ou les comédies françaises. Par contre, nous ne sommes pas très bons pour les films d’action. Les Flamands sont meilleurs que les francophones. Nous, c’est plus les films d’auteurs.
L’Indépendant. On dit que vous faites partie de ceux qui ont permis d’universaliser le cinéma belge à travers des sujets qui ont touché l’inconscient de tous les peuples. Comment expliquez-vous cela ?
Marion Hänsel. Je suis une des seules auteures belges qui a très peu travaillé en Belgique parce que pratiquement tous mes films sont tournés à Hong-Kong ou dans le désert, ou en Italie ou à l’étranger, ce qui est assez rare pour les auteurs belges. Moi ça m’a pris avec le goût de la littérature et des œuvres qui se passaient ailleurs dans le monde. C’est un travail qui est un peu à part.
L’Indépendant. Quelles thématiques font partie de celles que vous aimez aborder ?
Marion Hänsel. Dans plusieurs films, les rapports familiaux, père-fils, ou frère et sœur, la famille est un thème assez central dans mon travail. Il y a plusieurs films aussi où il y a un rejet, un manque d’amour, des protagonistes qui sont vraiment en demande ou en manque d’amour.
L’Indépendant. En venant au Ciné-rencontres, que pensez-vous apporter ?
Marion Hänsel. J’espère surtout leur amener un moment de réflexion, de détente, je pense que mes films sont pour la plupart visuellement très beaux et poétiques. Ils ouvrent à un regard sur la beauté de la planète. Je ne donne pas de leçons. Je fais un cinéma quelque part engagé mais engagé d’une manière très libre. Je ne fais pas un cinéma politique.
Propos recueillis par Laura Meunier (L'Indépendant, le 15 juillet 2018)
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