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Des croix interdites par la loi sur la laïcité de 1905 ?

Le photographe et journaliste capcinois Georges Bartoli fait partie de ceux qui s’opposent à l’implantation de nouvelles croix au sommet des montagnes. En 2017, l’homme est allé jusqu’à écrire au préfet et au gouvernement pour dénoncer l’installation de celle du Carlit. S’il estime que les démantèlements sauvages de cette dernière et de son homologue du Cambre d’Aze ne sont « pas très malins », sur le fond de l’affaire, Georges Bartoli campe sur ses positions. « La loi sur la séparation des églises et de l’État du 9 décembre 1905 spécifie que les édifices et monuments religieux bâtis avant le vote de la loi sont considérés comme relevant du patrimoine. Pour les croix qui étaient là avant 1905, il n’y a pas de problème », concède-t-il. « Par contre, la même loi souligne aussi (dans son article 28, NDLR) qu’à compter de sa promulgation, les croix et autres signes ou emblèmes religieux ne peuvent être apposés que dans des lieux privés ou des périmètres dédiés au culte. » Pour le Capcinois, cela ne fait aucun doute : les croix du Carlit et du Cambre d’Aze, implantées par des militaires du Centre national d’entraînement commando (Cnec) de Mont-Louis autour de l’année 2015, sont tout simplement « illégales ». « De plus, dans un pays laïque, la religion catholique doit être soumise aux mêmes règles que les autres cultes, poursuit le photographe. Est-ce qu’on trouverait normal que des marins musulmans ou des gendarmes israélites aillent mettre une étoile de David ou un croissant sur un pic pour affirmer leur foi ? » Fort de ces arguments, Georges Bartoli aurait souhaité que les pouvoirs publics reconnaissent que ces croix n’avaient rien à faire là et demandent aux militaires du Cnec de les retirer. « C’est à la puissance publique de régler ce problème », martèle-t-il.

À l’opposé, le délégué militaire départemental, le lieutenant-colonel Christophe Correa, estime que l’implantation de croix sur les sommets est tout ce qu’il y a de plus légal : « La croix du Carlit a été payée et mise en place par le Cnec. Par tradition, chaque fois qu’un militaire monte là-haut, il met un fanion ou un insigne dessus. On avait demandé et obtenu les autorisations du conseil départemental et du parc naturel pour installer cette croix. Nous l’avions amenée là-haut en hélicoptère, on a aussi monté les sacs de ciment et fait le béton sur place. »

L'Indépendant, le 24 juillet 2018

Les maires des communes concernées soutiennent les militaires

Les maires des villages dont dépendent le Carlit et le Cambre d’Aze confirment avoir donné leur feu vert aux militaires avant l’installation des croix. Pour le Carlit, l’édile d’Angoustrine assure avoir donné une « autorisation orale ». Concernant le Cambre d’Aze, le conseil municipal de Saint-Pierre-dels-Forcats avait pour sa part voté un avis favorable. Les maires témoignent.

« Juste une tradition » pour Hélène Josende, maire d’Angoustrine-Villeneuve-les-Escaldes, dont dépend le Carlit. « J’avais donné une autorisation orale au Cnec qui voulait remplacer une autre croix très abîmée », souligne-t-elle. « Franchement, je n’avais pas vu une atteinte au principe de laïcité. C’est juste une tradition. »

« Pas inintéressant d’avoir ces croix en plein brouillard » estime Jean-Luc Molinier, le maire de Saint-Pierre-dels-Forcats, dont dépend le Cambre d’Aze. « Les croix, bien implantées, ne sont ni plus ni moins que les quatre points cardinaux, un point géodésique et ce n’est pas inintéressant de les avoir en plein brouillard », estime-t-il. « On a aussi plein d’autres croix en montagne en mémoire de personnes disparues, comme sur le bord des routes d’ailleurs. »

L'Indépendant, le 24 juillet 2018

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Des croix interdites par la loi sur la laïcité de 1905 ?

le 24 juillet 2018

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