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Ciné-débat. « La crise, ce n’est pas la migration, mais sa cause »

Le réalisateur Michel Toesca ce soir au Castillet pour « Libre ».

Ce soir à 19 heures, le cinéma Castillet projette le film « Libre », suivi d’une conférence-débat en présence de son réalisateur Michel Toesca. Libre suit l’évolution de la vallée de la Roya et de ses habitants face à la question de l’accueil des réfugiés venus d’Italie. Le réalisateur s’est alors concentré sur Cédric Herrou, oléiculteur de la vallée et très médiatisé lors de sa première condamnation pour aide à l’immigration clandestine. Plus récemment, et notamment saisi par Cédric Herrou, le Conseil constitutionnel a consacré, le 6 juillet 2018, la valeur constitutionnelle du principe de « fraternité ». Ce n’est depuis plus un délit d’aider à titre humanitaire des étrangers sans papiers. Un film humainement puissant et qui ne laisse personne neutre. Rencontre avec son réalisateur.

L’Indépendant. Pourquoi le qualifier d’acte de résistance ?

Michel Toesca. Je filme autant que je suis acteur des actions. Lorsque dans un film l’information devient un positionnement politique, comme ici avec le manquement de l’État et le fait que l’État enfreigne la loi, on est dans un acte de résistance. Mais ce n’est pas un film à charge, c’est un film qui dénonce en montrant simplement, et j’insiste là-dessus. Ce n’est pas non plus un film militant, mais un film de cinéma. On montre la vie sur place. J’assume ma complicité avec ces actions, et mon amitié.

L’Indépendant. Ce film dévoile beaucoup d’informations même s’il n’est pas un reportage. Que pensez-vous de la médiatisation en France de cette question de l’accueil des réfugiés ?

Michel Toesca. Après la Une du New York Times sur Cédric Herrou, on a vu venir beaucoup de médias internationaux. Mais c’est de l’information à vif, forcément. Moi j’ai pris trois ans. Ce n’est pas du tout la même approche. J’ai des scènes de l’intérieur, au cœur de cette action, alors que les médias ne saisissent que la surface de ce qui se passe. C’est bien, mais c’est une vision très rapide. D’autres médias par contre viennent ici et passent beaucoup de temps avec nous. Le premier à le faire a été Adam Nossiter du New York Times. Son article sur Cédric a été facteur de sa médiatisation, et a évidemment amené d’autres médias internationaux.

L’Indépendant. Pensez-vous que l’accueil des réfugiés en France par des citoyens devrait être davantage toléré ?

Michel Toesca. Bien sûr. D’ailleurs le fait que le Conseil constitutionnel ait intégré cette notion de fraternité dans la constitution veut dire beaucoup. La plupart des chefs d’accusations retenus contre Cédric, ont été retirés plus tard par ce même Conseil. Pour Libre, je suis en plein tour de France, et je vois qu’il y a des mineurs isolés partout qui essaient de trouver des moyens de s’héberger.

L’Indépendant. « Libre » a été produit grâce au crowdfounding et aux soutiens d’Emmaüs et de Médecins du Monde. Quand on le regarde, la solidarité est finalement partout.

Michel Toesca. Quand tous ces gens sont arrivés, on ne savait pas du tout quoi faire, on ne savait pas ce qui était légal ou illégal. Petit à petit, les choses ont été découvertes et les gens qui aidaient se sont rapprochés. Autant dans les aventures de ces événements que celles du film, ça a été un effet boule de neige avec les soutiens.

L’Indépendant. Allez-vous continuer sur cette question de l’accueil des réfugiés en tant que réalisateur ?

Michel Toesca. J’aimerais faire une suite à Libre. J’en ai parlé avec Cédric Herrou. L’idée serait de faire le chemin à l’envers : partir de la Roya et descendre jusqu’au Soudan par exemple. Ce n’est encore qu’une idée. Là-bas au Soudan, Cédric est très connu, on sait qui il est et ce qu’il fait. C’est une sorte de point de référence et de point GPS. La crise ce n’est pas la migration, mais sa cause. Ce sont les politiques qui parlent de crise migratoire en France. La migration est la conséquence de cette crise, qui est morale, éthique et philosophique !

Propos recueilli par Idhir Baha (L'Indépendant, le 28 septembre 2018)

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Ciné-débat. « La crise, ce n’est pas la migration, mais sa cause »

le 28 September 2018

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