Par Denis Rambour. Médecin psychiatre de l'hôpital de Thuir.
Le développement de la discipline addictologique depuis les années 1990 a considérablement fait évoluer le paysage des dépendances aux produits ou aux comportements.
Pour exemple, on ne parle plus d’« alcoolique » de « drogué » ou de « toxicomane » mais de personne souffrant d’un trouble de l’addiction. En effet, quel que soit le produit utilisé (alcool, tabac, cannabis, cocaïne, héroïne etc.) ou le comportement reproduit (addiction aux jeux d’argent, aux écrans, au sport, etc.) les mécanismes de dérégulation cérébrale sont quasiment identiques.
L’essor des sciences neurocognitives a permis de préciser les mécanismes en cause et de proposer des techniques de soins adaptées.
Une fois l’éloignement des produits ou des comportements obtenus, il reste au sujet addict à reprendre le contrôle de ses pensées et donc de ses savoirs et à se ré inscrire dans un processus d’individuation psychique et collective non plus basé sur la satisfaction régressive et immédiate d’un besoin (d’un produit ou d’un comportement) mais sur une véritable relance du désir.
Tout l’enjeu du prendre soin en addictologie se situe là, dans le contexte d’une société consumériste donc potentiellement addictogène.
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