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La menace nucléaire revient en force

Décidément rien n’arrête M. Trump et les États-Unis dans leur chantier de démolition de ce qu’il reste de l’ordre multilatéral. Après le trait de plume biffant l’accord sur le climat, la poubelle ouverte pour y jeter l’accord sur le nucléaire iranien, le chiffonnage du traité anti-missile balistique (ABM), voici que le président des États-Unis a annoncé dans un meeting électoral, le 20 octobre dernier, la mise à mort du traité américano-soviétique de 1987 sur les arsenaux nucléaires terrestres de portée intermédiaire.  Ce traité, d’une cruciale importance, signé entre Mikhail Gorbatchev et Ronald Reagan, interdisait aux deux grandes puissances qu’ils dirigeaient de tester, produire et déployer des missiles sol-sol, balistiques et de croisière de portée allant de 500 à 5.000 kilomètres. Il était adopté au terme d’un puissant mouvement en Europe, et particulièrement en France, animé par « le Mouvement de La Paix » et « l’Appel des cent » sous l’impulsion de Georges Séguy derrière le mot d’ordre « Ni Pershing, Ni SS 20 » du nom des missiles soviétiques et américains. Depuis, le nombre de ces engins de mort a été réduit de 75.000 à 16.000. La France, qui n’était pas signataire de ce texte a, depuis, démantelé la composante terrestre de son arsenal nucléaire et deux de ses six sous-marins lanceurs d’engins. Dans le prolongement de cet accord, quarante ans plus tard, l’Organisation des Nations-Unies a ouvert à signature un nouveau traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) le 7 juillet 2017. Malheureusement, les autorités françaises, une fois encore, n’en sont toujours pas signataires.

C’est dans un contexte de crise du capitalisme qui annonce de nouveaux krachs boursiers, où Proche et Moyen Orient connaissent les guerres, où les États-Unis et l’Occident en général perdent leur « leadership » mondial au profit de nouvelles grandes nations, de la Chine à l’Inde, de l’Indonésie à l’Afrique du sud ou au Brésil, et que nul sait comment finira la guerre économique engagée contre la Chine, que les dirigeants nord-américains prennent une décision, potentiellement ravageuse pour le monde, notamment pour le continent européen. L’Europe deviendrait le champ de bataille nucléaire de puissances extérieures.  Face à une telle menace, les peuples européens doivent se parler, faire entendre ensemble, leur voix sans tarder, en lien avec les forces de paix, les forces progressistes des États-Unis, de Russie, de Chine et d’ailleurs. Les institutions européennes doivent sortir de leur silence et chercher les moyens et les alliés permettant de stopper cette stratégie irresponsable et macabre. Certes, La Russie est visée par l’initiative américaine mais plus encore la Chine, comme on a pu l’observer à l’écoute de plusieurs interventions de dirigeants des Etats-Unis dont  celle du vice-président impulsant cet inquiétant tournant vers une deuxième guerre qui ne serait pas que froide, si on se réfère à cette déclaration de M. Trump : « A quoi cela sert d’avoir des armes nucléaires pour ne pas s’en servir ».  On ne peut qu’en avoir froid dans le dos !

Le combat pour la paix et pour le désarmement se doit donc de prendre une vigueur nouvelle. Exercer une forte pression sur les parlementaires de la majorité et sur le Président lui-même en est une des dimensions. Il faut en effet obtenir que la France prenne des initiatives diplomatiques pour que l’Union européenne, et au-delà, pèse en faveur d’un multilatéralisme adapté aux conditions de nos temps incertains mais aussi un nouveau type de coopérations visant la préservation des biens communs de l’Humanité, une sécurité de vie pour chaque être humain et le progrès social. Parmi celle-ci, ne pourrait-on envisager une conférence pan-européenne de sécurité et de coopération, ouverte aux États de tout le continent, associant les représentants des peuples et les mouvements engagés pour la paix ?

Patrick Le Hyaric (L’HD, le 31 octobre 2018)

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La menace nucléaire revient en force

le 31 octobre 2018

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