Votée au Sénat cet automne, la loi anti casseurs est examinée à l’Assemblée nationale à partir du 29 janvier. Il semble bien que nombre de ses dispositions aillent dans le sens d’une restriction des libertés publiques et du droit de manifester. Dans un contexte de fortes mobilisations violemment réprimées, de grand débat verrouillé, cette loi est une indication supplémentaire de la dérive antidémocratique et répressive du pouvoir macronien.
Face à une contestation grandissante de sa politique antisociale, des injustices criantes qu’elle génère, le gouvernement, au lieu de répondre à la colère des Français, veut mettre l’éteignoir.
Les partis de gauche, des avocats, des magistrats sont vent debout contre la loi en question. Les dispositions législatives actuellement débattues à l’Assemblée nationale prévoient, notamment, des interdictions individuelles de manifester et le fichage de certaines personnes. Outre que de telles dispositions existent déjà dans l’arsenal législatif, au prétexte d’« éviter les saccages et les pillages », elles donneraient un pouvoir répressif à des autorités administratives et non à des juges indépendants. Nombre de juristes notent aussi le caractère vague de certains aspects de la loi, ouverts donc à interprétation. Ainsi le port de la cagoule serait passible de prison et de 15 000€ d’amende, mais un masque ou une écharpe pour se protéger des gaz lacrymogènes pourraient être traités de même. Interrogation identique à l’égard du nouveau fichage prévu à côté de tant d’autres, comme les fichés S, voudrait-on introduire un fichage politique? Ce flou comme la volonté de supprimer le filtre de l’autorité judiciaire, seul garant des libertés individuelles, ont largement de quoi inquiéter. Loin de nous l’idée de vouloir épargner les casseurs, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. Au moment où les blessés graves dus aux forces de l’ordre se comptent par centaines, ce que tente le pouvoir avec cette loi est de dissuader de manifester.
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