Il est curieux de voir, après une élection européenne, certains observateurs de la vie politique tirer des plans sur la comète et inventer un avenir qui n’existera probablement pas. Histoire de noircir du papier, d’occuper du temps d’antenne, de façonner l’opinion, la messe est dite, le futur est écrit, et peu importe qu’aucune des prévisions de ces pseudos spécialistes ne soit arrivée. Pire encore, des formations politiques se sont laissées ou se laissent griser par un bon résultat, ne comprenant pas qu’une hirondelle ne fait pas le printemps. Par ailleurs les adeptes de théories comme le « dégagisme » ont failli être eux-mêmes dégagés. En fait, les seules certitudes de ce scrutin résident dans l’échec du président de la République à utiliser Le Pen comme épouvantail.
Ce jeu éculé mais dangereux ne fait qu’installer durablement l’extrême droite. Le PCF stagne en dessous des 5% et c’est une mauvaise nouvelle pour le monde du travail et les plus démunis. Le « macronisme » siphonne l’électorat de la droite traditionnelle, du MODEM (centre) et les « sociaux-libéraux » du PS. Divisée, la gauche réformiste, verte ou de transformation sociale ne séduit pas les Français qui la sentent incapable de mettre en œuvre le moindre projet partagé.
Certes EELV échappe à la règle, mais cela devient une habitude aux Européennes (en 2009 la formation verte dépassait déjà les 16%). En réalité les électrices et électeurs de dimanche dernier, par leur abstention, leur vote éclaté, de refuge ou de colère, ont envoyé un message clair à la gauche. Personne dans le camp des vrais progressistes ne sortira indemne de la désunion ! Personne ne s’en sortira s’il n’y a pas une volonté d’élaborer un projet avec les citoyennes et citoyens en dépassant les velléités hégémoniques et les différences. Si les formations politiques de gauche ne montrent pas qu’elles sont plus intéressées par la vie des gens au quotidien que par l’élection d’après ou par leur propre destin, elles se préparent une longue traversée du désert. De ce point de vue l’annonce , au lendemain de cette élection, par La France Insoumise de sa candidature aux municipales de Perpignan, sans échange avec les forces de transformation sociale et environnementale, n’est pas une bonne nouvelle pour le rassemblement devenu indispensable.
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