La question des violences faites aux femmes revient malheureusement trop souvent sur le devant de la scène. Les chiffres sont édifiants : 220 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont, chaque année, victimes de violences physiques et/ou sexuelles, 121 femmes ont été tuées en France en 2018, pour 2019 on en dénombre 72 depuis le début de l’année. Notre département vient de payer un lourd tribut, ces dernières semaines une jeune fille a été assassinée à Estagel, une mère de famille tuée par son conjoint sous les yeux de ses enfants, une femme blessée à Laroque-des-Albères... Verra-t-on un jour la fin de cette sombre litanie ? Peut-on, à notre époque, tolérer ces tragédies ?
On a des dispositifs, on a #MeToo, on a des associations très actives, des lois... Mais tout cela se heurte à l’inaction des pouvoirs publics, au manque de moyens. Cette « grande cause nationale » selon le gouvernement, ne dispose que d’un budget de 79 millions d’euros alors qu’il faudrait un milliard, ce que demandent les parlementaires communistes. Cette somme permettrait l’accompagnement et la mise à l’abri des victimes. Il faut aller encore plus loin, impulser un énorme travail de sensibilisation, de formation. En direction de la jeunesse, en priorité, mais pas seulement. Des siècles de domination masculine laissent des traces. Les violences conjugales, sexistes, sexuelles, représentent la forme extrême de cette domination, de la dévalorisation attachée au sexe dit faible, des inégalités qui perdurent. L’école a un rôle essentiel à jouer, comme nombre de services publics, comme l’appareil juridique, structures massacrées par les politiques libérales. C’est le grand paradoxe d’aujourd’hui, la libération de la parole des femmes, leur intervention plus importante dans la vie publique, les acquis, vont de pair avec des reculs notoires. Quand plusieurs pays d’Europe remettent en cause le droit à l’avortement, quand des dirigeants comme Trump ou Bolsonaro, affichant une virilité triomphante, tiennent des propos insultants sur les femmes... C’est un appel au crime et la démonstration que la question des violences faites aux femmes est éminemment politique.
Aussi faut-il se réjouir du succès des récentes manifestations contre ces drames insupportables.
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