Dès le premier débat de l'université d’été du PCF à Aix-en Provence on était dans le vif du sujet avec Audrey Pulvar et Fabien Roussel, sur le thème : « Relever le défi écologique ». Un sujet qui traverse une série de problématiques et permet d’insister sur la nécessité de relier lutte contre le réchauffement climatique et pour une vie décente.
L’ancienne journaliste, devenue en 2017 présidente de la Fondation pour la nature et l’homme a partagé la tribune avec Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.
Les deux anciens journalistes sont d’accord sur une chose, ce « sont les 9 millions de personnes les plus pauvres qui subissent la précarité et les effets du réchauffement climatique ».
Un sujet d’une brûlante actualité, au moment où Emmanuel Macron a estimé que son homologue brésilien, Jair Bolsonaro, a « menti » sur ses engagements en faveur de l’environnement et a annoncé que, dans ces conditions, la France s’opposait au traité de libre-échange controversé entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur (qui rassemble le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay).
« L’idée de renoncer à cet accord climaticide » est une bonne nouvelle pour Audrey Pulvar. Macron voudrait « agiter l’abandon sur le Mercosur d’un côté et nous faire avaler le Ceta ». Impensable pour Fabien Roussel qui a encore dit que les communistes ne voteront pas cet accord.
Le combat pour la vie digne
« Un peu de purin devant la permanence d’un député En Marche, ça ne fera pas de mal », a ironisé Fabien Roussel, en s’en prenant ouvertement à la politique de Macron. « Il faut le dire franchement, en France, la moitié des 22 taxes (écologiques) qui représentent 64,5 milliards de prélèvements, ne sert même pas à participer à la transition écologique. »
Le dirigeant politique a alors insisté sur la nécessité d’articuler la lutte pour une vie décente et la lutte contre le réchauffement climatique. « Neuf millions de gens ne mangent pas à leur faim et sont en précarité énergétique », ajoute-t-il, tout en appelant à révolutionner la société.
« La réalité, a encore insisté le secrétaire national, c’est qu’il faut réussir à mener le combat écologique et le combat pour la vie digne. » L’urgence écologique est montée très fort dans la dernière période, le diagnostic a même été partagé par les financiers et les capitalistes. « Ils se le sont appropriés, parce que cela allait devenir source de profit, » affirme Fabien Roussel.
« Quelle gauche reconstruire ? »
Un autre temps fort de l’Université d’été du PCF apporte, peut-être, une part de réponse au premier débat. Intitulé « ensemble pour la bataille des retraites », un débat avec des représentants de LFI, de la Gauche Républicaine et Socialiste, du PS, Génération.s et Fabien Roussel a esquissé la volonté commune à gauche de s’unir contre, selon Bastien Faudot de GRS, « l’inacceptable » réforme des retraites.
« Elle organise encore davantage le grand programme libéral qui est l’atomisation du corps social », présente l’animateur national de la GRS. « On rompt avec le modèle social philosophique où le sort de chacun est lié. » Sorties, mi-juillet, du rapport Delevoye les orientations de la réforme ne devraient être tranchées par le gouvernement qu’après les municipales de mars. « Le système par points est insécurisant pour les gens », pose Hélène Le Cacheux pour LFI, craignant la fin « d’un revenu garanti ».
Travailler plus pour gagner moins
« Le système actuel n’est pas un handicap mais un atout dans l’économie française », vante la sénatrice Laurence Rossignol pour le PS. Pour l’ancienne ministre, le futur système « profitera aux cadres qui font carrière avec un bon niveau de rémunération et pénalisera les autres qui ont une carrière accidentée ou un salaire progressif ».
Tous les intervenants ont aussi dénoncé la supercherie du gouvernement qui assure ne pas vouloir reculer l’âge de départ à la retraite. « Il faudra bosser deux ans de plus si on veut un taux plein », souligne Bastien Faudot.
« On va travailler plus longtemps et pour moins d’argent, c’est d’un cynisme incroyable », résume Roxane Lundy de Génération.s. « En plafonnant à 14 % la part du PIB consacré aux retraites, automatiquement elles diminueront si le PIB diminue », expose Sylvie Durand, de la CGT. Le constat face aux méfaits de la réforme est unanime.
« Il faut travailler tous ensemble, avec les organisations syndicales, à des contre-propositions, donner de l’espoir à une alternative sinon nous ne serons pas audibles », promeut Fabien Roussel. Le secrétaire national du PCF milite pour que la fête de l’Huma (13-15 septembre) et une première manifestation, le mardi 24 septembre, serviront cette cause. Le PCF défend un départ à 60 ans « pour permettre aux nouvelles générations de remplacer les partants », avec des solutions de financements (faire cotiser les revenus financiers, égalité salariale…).
Face à Macron, un PCF conquérant
Haro sur l’enfumage présidentiel et esprit de conquête étaient les mots d’ordre de clôture de l’université d’été 2019 du PCF. « Vous repartez d’ici avec des interrogations fructueuses pour nourrir le communisme du quotidien », analyse Pierre Dharréville, député des Bouches-du-Rhône.
Ian Brossat, porte-parole, moque, lui, la rentrée présidentielle au G7, raillant le soi-disant « champion de la paix, de l’environnement et de la lutte contre les inégalités sociales ». « Macron est là pour préserver l’intérêt du capital, responsable de toutes ces crises ».
Pierre Dharréville estime que le président « cherche à nous enfermer dans une fausse alternative entre l’extrême libéralisme et l’extrême droite ». Dans ce contexte, le PCF, « dans un esprit de conquête », appelle à mener, à gauche, des batailles sur les retraites, la protection sociale, contre la privatisation des aéroports de Paris… Avec en toile de fond les municipales : « Nous avons un fort ancrage local, ces élections doivent démontrer notre utilité », exhorte Ian Brossat.
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