Désolé je ne mettrai pas le petit doigt sur la couture du pantalon comme le suggère à longueur d’émissions et de JT, journalistes, animateurs, people (à l’image de Cyril Hanouna et ses disciples). Non je ne me mettrai pas au garde à vous devant les décisions d’un Président de la République, de Département, de Région et pas plus devant celles d’une maire, au prétexte qu’il y a une crise sanitaire sans précédent due au COVID19. Je refuse d’être stigmatisé pour cela et pour cela d’être accusé de ne pas être solidaire. Solidaire et engagé, je le suis sûrement plus que ces donneurs de leçons, ces moralisateurs à la faible morale et aux revenus souvent exagérés. En cette période si dure et si inédite que l’humanité traverse, le débat et la démocratie seraient devenus un frein à l’émergence de solutions ? À la prise de bonnes décisions? Celles et ceux qui nous culpabilisent diraient-ils la même chose des USA ou de la Chine ?
Arrêtons de culpabiliser ceux qui discutent les choix des dirigeants !
Non seulement en ces temps difficiles la critique politique fustigée par certains est indispensable, mais elle est aussi salutaire. On a le droit de douter d’un système dont la nature est d’appauvrir les plus pauvres pour enrichir les plus riches, comme celle du scorpion est de piquer. Oui dans la période si complexe que nous vivons, malgré les discours rassurants, l’urgence de la situation et les attentes populaires de changement qui grandissent, les pouvoirs politiques peuvent être tentés par l’autoritarisme pour adapter ou faire accepter le système politique et le modèle économique qu’ils défendent. Dans le « Guépard » film de Visconti, tiré du roman de Lampedusa, pour éviter la république Garibaldienne la Noblesse décide de se mêler de «cette affaire» et de «tout changer» pour que « tout reste pareil». Nombre de chefs d’État, pilotés par les marchés financiers, pourraient être tentés par la formule au moment où une partie grandissante de l’Humanité aspire à ce que tout change vraiment.
Nombre de voix très diverses traduisent l’inquiétude d’une dérive antidémocratique
Comme le CSA (gendarme de l’audiovisuel français) le dit, le gouvernement et le Président de la République, occupent une trop grande place dans les médias par rapport aux autres forces politiques du pays. Comme 50 autorités de protection des données personnelles (dont la CNIL en France) le craignent, nos données propres de santé pourraient être exploitées à des fins commerciales ou autres. Comme Amnesty internationale et des dizaines d’ONG du monde entier le redoutent, le recours, intempestif et dans la durée, aux technologies de surveillance numérique contre la pandémie, nuiraient gravement à nos libertés fondamentales. À l’image de Jacques Toubon, défenseur des droits ou Henri Leclerc, célèbre avocat de la Ligue des Droits de l’Homme, nous pouvons redouter qu’au prétexte de préserver nos vies, le gouvernement adopte des mesures contraires à nos grands principes telles le traçage numérique et de les voir perdurer une fois la normale revenue. Les exemples de mesures d’exception qui s’inscrivent dans la durée ne manquent pas, y compris dans notre pays (perquisitions administratives abusives, assignation à résidence sans décision de justice, droit d’interdiction de manifestation par les préfets sans vraie justification…).
Gare à nos libertés avec les mesures d’exception qui durent
Confinement surveillé par les forces de l’ordre et l’armée, dérogation massive au droit du travail, casse systématique des services publics notamment de santé, usage intempestif des ordonnances, traçage numérique… : l’impréparation du gouvernement à ce genre de situations pourtant prévisibles au regard de ce qui se passait en Chine et des expériences récentes (H1N1…), ne peuvent aujourd’hui justifier la moindre privation de droits et libertés.
Alors oui les seuls remparts contre ces dérives réelles et la tentation de les inscrire dans la durée, résident dans l’existence d’une presse vraiment indépendante du pouvoir et du fric, dans un débat démocratique poussé où la critique, constructive mais non soumise à la pensée unique, où l’expression de toutes les forces politiques et syndicales soient garanties, permises et acceptées.
Nicolas Garcia
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