Monsieur le Préfet des Pyrénées-Orientales,
Monsieur le Directeur académique des Pyrénées-Orientales,
Madame la Présidente du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales,
Mesdames et Messieurs les membres du CDEN,
Ce CDEN avec une trentaine de membres à distance qui se connectent ce jour mérite l’attention. En effet si la DSDEN a la capacité d’organiser cette réunion rien ne s’oppose à ce que les chefs d’établissements scolaires en fasse de même pour des conseils d’administration et des conseils de classe à distance, sans délaisser les circulaires légales comme ça a pu être fait. En même temps nous tenons à remercier les chefs d’établissements qui essaient malgré tout d’intégrer les parents dans la tenue des instances des établissements.
Venons-en à l’annonce du 11 mai soit dans 20 jours maintenant. Dans le contexte de crise sanitaire que nous traversons, le Président de la République vient d’annoncer que la réouverture progressive des établissements scolaires, à l’exclusion de ceux du supérieur, devrait avoir lieu le 11 mai Si la reprise du travail des parents pour relancer l’activité économique et soulager le quotidien des familles peut s’entendre, le choix du 11 mai pour rouvrir les établissements scolaires, nous semble prématurée d’autant que d’autres lieux comme les restaurants, les administrations et d’autres services, restent fermés.
En effet, beaucoup de questions restent en suspens :
Beaucoup de parents sont inquiets, et certains affirment clairement que leurs enfants ne reviendront pas à l’école le 11 mai, et que personne ne pourra les y obliger.
Forcément, les inégalités se poursuivront puisque les mêmes élèves, pour lesquels le lien social et scolaire est à l’heure actuelle coupé, n’iront pas forcément à l’école en mai prochain.
Bref la décision, même progressive, de reprendre le 11 mai ne nous semble pas réaliste en l’état actuel de la catastrophe sanitaire, et ce, sans un affichage précis des modalités pratiques de cette reprise. Cela ne fait que rajouter des incertitudes et de l’anxiété.
Comme l’a conseillé Philippe Klein, médecin dans une clinique internationale à Wuhan en Chine : « C’est à partir du moment où on maîtrise la situation qu’on peut permettre un retour progressif à un fonctionnement normal [...] Et enfin, une réouverture des écoles : c’est toujours ce qu’on rouvre en dernier, parce que c’est ce qu’on doit fermer en premier » (France Inter, 13/4/2020).
Nous sommes confrontés à des injonctions contradictoires.
La Fédération des Parents d’Elèves des Pyrénées-Orientales, avec les enseignants, pense qu'il serait bon de rouvrir les établissements scolaires au plus tôt pour éviter cette fameuse fracture sociale et le décrochage scolaire.
Et en même temps, notre préoccupation première reste la santé publique de nos publics. Nous sommes soucieux que toutes les conditions sanitaires soient réunies.
Dès lors, et dans cette incertitude, nous appliquons le principe de précaution. Nous affirmons que la santé de nos enfants, des enseignants et de tous les personnels des établissements scolaires est prioritaire. En conséquence nous refusons la réouverture des établissements.
Nous devons utiliser les semaines qui nous séparent des congés d’été pour préparer au mieux la rentrée scolaire afin que :
Et dans l’immédiat la FCPE des Pyrénées-Orientales demande que :
La crise engendrée par la pandémie du covid-19 révèle les nombreuses failles dans les modèles (sanitaires, économiques, sociaux, sociétaux, éducatifs, etc.) de notre système. Les responsabilités de ces failles sont à assumer par l'ensemble des composantes de notre société d'autant que l'incapacité à trouver des solutions consensuelles reste une constante depuis 50 ans.
Nous le savons d'ores et déjà, cela oblige dès à présent à repenser la place et l'importance des services publics, qui sont la colonne vertébrale de l'organisation de notre société. La FCPE a toujours réclamé une réflexion autour de l'Ecole, du projet pédagogique, des moyens qui lui sont alloués, et nous pensons que cette crise sanitaire est le moment, enfin, de changer les choses.
On ne pourra pas faire semblant et penser que tout doit continuer comme avant. Notre objectif ne sera pas de retrouver l'Ecole d'avant, mais bien de construire celle de demain. Il faudra réfléchir aux moyens dont elle a besoin et non pas de comment trouver ces moyens : d'ailleurs, quand l'urgence est là, le « comment » devient secondaire et se solutionne de toute façon, la FCPE ne peut que saluer l’effort engagé. L'après-confinement devra faire fi des seules logiques comptables, et investir massivement dans des mesures d'accompagnement tant éducatives que psychologiques.
Imaginer reprendre des cours avec des classes aussi surchargées que les années passées avec des enfants qui ont subi le traumatisme de la pandémie serait irresponsable. Cela veut dire qu'il faut penser des effectifs allégés, donc sans fermeture de classes dans notre département.
L'École doit redevenir ce service public fondamental, pilier de notre société :
Pour ce faire, la carte scolaire ne pourra pas s'appliquer telle qu'elle avait été élaborée en décembre 2019. Le contexte s'est radicalement transformé depuis et il doit être pris en compte :
Nous demandons avec insistance le renforcement des moyens dans les 1er et 2nd degrés et l'arrêt immédiat des mesures de cartes scolaires dans ces mêmes 1er et 2nd degré prises avant le confinement : cela implique l'arrêt des fermetures et la confirmation des ouvertures, une baisse des effectifs dans les classes, des personnels d'accompagnement confortés...
Pour que la reprise de l'enseignement se passe dans les meilleures conditions possibles, pour commencer à réinventer cette Autre école qui permette à nos enfants de mieux appréhender le monde de demain, nous voulons :
Les gels ou les moratoires ne suffiront pas à répondre aux besoins, car ils conduiront automatiquement à des suppressions de postes en intervenant sur les postes surnuméraires ou non présentiels.
Il faut donner au système éducatif les moyens de contribuer à la résilience sociale en prenant le temps de l’écoute, de l’émotion, de restaurer le lien social, de compenser la très grande hétérogénéité des acquis tout en renouant le dialogue avec les décrocheurs... Pour cela, et compte tenu de l'état d'urgence sanitaire de notre pays, nous demandons pour les cartes scolaires :
Nous ne pouvons pas continuer comme si cette crise n'avait pas existé. Nous devons adapter notre logiciel.
La pandémie a impacté frontalement notre système éducatif. Elle en a montré les failles mais aussi les qualités. Notre dernière demande et non la moindre est de proposer la création d’une convention citoyenne sur le système scolaire, à l’image de la convention citoyenne sur le climat. pour repenser ensemble l’évolution de notre système éducatif. Le niveau départemental, car chaque département a sa spécificité, serait adéquat ce qui n’empêcherait nullement le format national.
le 21 avril 2020
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