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Renault : l’expérience du grand bluff

Le défilé qui a réuni des milliers de manifestants à Maubeuge pour le maintien de l’usine Renault a été une excellente et heureuse manière d’inaugurer la déconfinement. C’est encore la mobilisation des salariés qui a empêché la fermeture de la Fonderie de Bretagne, filiale menacée du groupe automobile.

L’unité dans l’action de toutes les forces disponibles, élus, syndicats, gilets jaunes, citoyens, est dès maintenant indispensable pour instaurer un rapport de force avec le capital et ses commis et les empêcher de dessiner seuls les contours du « monde d’après ». Car chaque jour qui passe lui donne un furieux goût d’avant, comme si la crise avait accéléré, précipité toutes les tares du néolibéralisme.

Priorité à la « performance financière »

Le plan de suppressions par Renault de 4.600 postes en France et de 10.000 dans le monde pour, selon la direction, économiser 2 milliards sur trois ans est exactement celui présenté en février dernier. La nouveauté tient au fait que l’Etat va conforter ce plan en garantissant un prêt de 5 milliards. La même directrice générale qui annonçait en début d’année que cette restructuration n’était « pas tabou » va désormais un peu plus loin : « priorité est donnée à notre performance financière » explique-t-elle. C’est au nom de cette stratégie et d’une nouvelle division de la production et de la recherche avec Nissan et Mitsubishi au détriment du constructeur français que Renault licencie et supprime des unités de production. C’est ainsi qu’il faut comprendre les risques qui pèsent sur le centre de recherche de Guyancourt.

Alors qu’il y a tant à faire pour inventer les véhicules de demain, répondant mieux aux besoins populaires, débarrassés du pétrole, autonomes pour améliorer les systèmes de mobilité à la ville comme à la campagne, Renault risque d’être délibérément affaibli et de passer sous la coupe de Nissan. La tentative de spécialisation de Renault sur des véhicules moins rentables et son retrait de certains espaces comme l’Asie, l’Indonésie ou la Russie l’annonce. Ceci relègue les déclarations du président de La République selon lesquelles la France deviendrait « la première nation productrice de véhicules propres en Europe » au rang de mensonges ou d’enfumage général. On ne peut accepter que la crise sanitaire serve à accélérer les restructurations industrielles au détriment de la France et de ses travailleurs et chercheurs.

Un cas annonciateur du tsunami social qui arrive

Le cas Renault est annonciateur du tsunami social dont les premières vagues s’abattent en ce moment même. En un mois, le chômage a bondi de 23% en France. Le maintien de la contreréforme sanglante de l’assurance chômage aurait pour conséquence d’aggraver très sensiblement les conditions de vie des familles populaires. Toutes les trouvailles du macronisme, de la casse du système de retraites aux ordonnances de destruction du code du travail, qui visaient chacune à détruire le contrat social français pour servir la mondialisation capitaliste, montrent aujourd’hui leur caractère néfaste et dangereux.

Nous ne pouvons nous contenter d’une simple suspension de ces contre réformes. L’urgence est à inventer un monde nouveau  pour extraire le travail du marché de l’emploi, sécuriser les parcours professionnels en mêlant activité et formations et donner aux salariés des pouvoirs de gestion tout en posant la question de la propriété publique des moyens de production et d’échanges. Régénérer la production industrielle, son développement et la relocalisation de la production est incompatible avec la domination du capital financier. Une puissance publique démocratisée doit se mettre à disposition de cette nécessité. Des forces importantes sont disponibles pour instaurer le rapport de force nécessaire, dans les entreprises comme dans les villes et villages. Aidons-les à s’unir !

Patrick Le Hyaric (L’HD, le 4 juin 2020)

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Renault : l’expérience du grand bluff

le 04 juin 2020

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