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La preuve par Sanofi

Les froids fondés de pouvoir du monde capitaliste adorent se draper de responsabilité et… d’efficacité. Même quand les faits tendent à prouver l’irresponsabilité d’une logique qui s’oppose en tout point à l’intérêt général et plonge l’humanité dans des impasses mortifères. La pandémie en offre de saisissants exemples. Les regards se braquent, à juste titre, sur la santé, que l’accaparement par la finance ces dernières décennies a rendu imperméable aux exigences sociales, sanitaires et démocratiques. La course au vaccin n’est que l’ultime manifestation de cette irresponsabilité qui se paie aujourd’hui en vies humaines, en souffrances et désastres psycho-sociaux, en crise sociale et économique.

La France avait su se doter, grâce au volontarisme de la puissance publique, d’un secteur de la santé puissant, envié et souvent copié à travers le monde. L’un de ses fleurons, Sanofi, s’est construit grâce aux compétences exceptionnelles acquises par des ingénieurs et chercheurs, à une tradition scientifique rigoureusement transmise, au travail des salariés et avec l’aide d’un État planificateur et généreux.

Son introduction en bourse au début des années 80 s’est traduite par une activité frénétique de rachats. La grenouille s’est faite bœuf en licenciant à tour de bras tandis qu’elle élargissait son domaine d’activité, tout en satisfaisant les marchés financiers auxquels elle s’est liée pieds et poings. Sur les dix dernières années, Sanofi a ainsi licencié la moitié de ses chercheurs dans le monde et en France, soit deux mille d’entre elles et eux pour notre seul pays.

Le 26 juin dernier, à peine la première vague épidémique passée, la nouvelle direction du groupe annonçait la suppression de 1.700 emplois en Europe, dont un millier en France sur les 25.000 restant. Après la fermeture programmée des sites de Strasbourg et d’Alfortville, il ne restera plus que trois laboratoires de recherche sur les onze que comptait l’entreprise il y a dix ans, tandis que, sur la même période, elle recevait un milliard d’argent public sous forme de crédit impôt-recherche. Et Sanofi figure chaque année parmi les champions de versement de dividendes, sans y déroger en pleine pandémie.

L’inefficacité industrielle, la goinfrerie actionnariale et le pillage d’argent public se conjuguent avec le péril sanitaire… Seuls les actionnaires trinquent tandis que les salariés tremblent et que les français sont privés d’outils de production dans un secteur décisif.

Cette gabegie a pour conséquence catastrophique que, des cinq membres du Conseil de sécurité des Nation-unies, seule la France n’a pas conçu son propre vaccin. Or, la souveraineté sanitaire comme industrielle est la condition d’un internationalisme conséquent. Car qu’a aujourd’hui la France à proposer aux peuples du monde privés des premières doses de vaccins ? Rien, absolument rien, si ce n’est de suivre aux dernières places la file d’attente au guichet du marché vaccinal.

Devant l’urgence sanitaire mondiale et face à l’incapacité de leurs dirigeants, la CGT Sanofi a proposé la réquisition de ses chaines de production pour que l’entreprise sous-traite la fabrication de vaccins conçus ailleurs et leur mise hors marché sous licence libre. C’est une proposition de bon sens qu’ignore superbement le pouvoir.

Pendant ce temps, l’Union européenne est le théâtre d’un spectacle désolant où la concurrence bat son plein, chaque pays tentant d’accaparer au détriment de ses voisins les vaccins dont la fabrication peine à suivre la demande, à rebours de ce que l’on est en droit d’attendre d’une « union » de coopération européenne.

La propriété capitaliste montre, dans la santé plus qu’ailleurs, sa totale incapacité à répondre aux besoins humains. A l’exigence de vaccins universels mis hors marché doit répondre celle d’une propriété sociale et démocratique, où travailleurs, ingénieurs, chercheurs, médecins et citoyens définissent les termes d’une production planifiée. Les menaces sanitaires qui risquent de s’accumuler exigent que s’ouvre le débat.

Patrick Le Hyaric (L’HD, le 21 janvier 2021)

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La preuve par Sanofi

le 21 January 2021

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