Combien y-a-t-il de condamnés avant d'être jugés en France, ? Toujours beaucoup trop. Le film « Présumé coupable » que j'avais vu en présence de son réalisateur Vincent Garenq a résumé la violence d'une société où les citoyens sont incités à remplacer la justice qui, elle-même, dans certains cas, peut risquer se mettre au service du lynchage médiatique sans aucune preuve. Ces condamnés qui, souvent, se révèlent non coupables après quelques années, vivent d'abord le martyre de l'abandon de leurs proches, puis la déchéance, détruites qu'elles sont face à des affamés de la vengeance qui leur en voudront de s'être trompés eux-mêmes. A ce niveau de cruauté, la prison serait presque une délivrance pour certains.
Nous vivons dans cet environnement misérable. Chacun de nous peut se faire avoir, répondre à l'appel de ses préjugés vis-à-vis de qui que ce soit et s'apercevoir, trop tard, qu'il a eu tort de vautrer dans le train de la délation gratuite quand la justice n'a même pas pris en main une affaire. On peut être horrifié par certains crimes. On peut avoir son opinion sur des gens qui ont l'habitude de prendre l'argent des citoyens pour le leur, et la liste est longue de ce qu'on peut reprocher ici et là, surtout à des gens braqués par les feux de la rampe médiatique. Il faut pourtant s'en remettre à une évidence. Une société qui pratique, comme c'est le cas dans les incitations provoquées par les téléréalités à répétition qui pullulent sur les chaînes de télévision, le principe de la condamnation sans procès, est une société malsaine. Il faut s'en méfier comme de la peste. Elle rend laid et désespère du genre humain. Elle renvoie aux corbeaux qui détruisent le vivre ensemble. Je ne conseille rien à personne. Je dis cela parce que cela me fait du bien quand se déroule trop souvent sur le réseau social la cascade polluante des procès sans procès.
Yvon Huet
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