Nous vivons une époque formidable ? Dans un sens oui parce que nous avons à disposition, grâce au progrès des sciences humaines, les moyens du bonheur universel. Oui mais… Les sociétés humaines en sont encore à l'âge de pierre parce que le mental ne suit pas, mais pas du tout. Après avoir vécu péniblement deux guerres mondiales au XXe siècle, l'humanité s'en prépare une autre, ça se sent et nous avons raison d’être très inquiets, et ce n'est pas du cinéma.
Les peuples européens comprendront-ils un jour qu’ils ne sont pas seuls au monde à avoir le droit de vivre décemment et profiter des richesses d’une terre humaine qui ne peut survivre que par le partage et le respect de toutes les cultures ? On les a élevés à se faire la guerre et à faire la guerre aux autres au nom de leur liberté. Ça ne marche plus. De nouvelles sociétés émergent et se développent à un rythme qui défie celui que nous avons connu pour nos propres sociétés. Cela crée des incompréhensions immenses et des peurs en batterie dont l'extrême droite profite pour imposer ses discours de haine.
À ce niveau, la Russie (pour faire simple) est dans cette zone intermédiaire des cultures où la volonté de puissance et les frustrations sont nourries par 80 ans de guerre froide dont il ne faut pas oublier qu’elle fit aussi de sacrés dégâts, et ça continue. La Russie n’est ni européenne ni asiatique. Elle est eurasienne avec un zeste de latinité et une diversité communautaire qui vaut bien celle des Européens « de l’Ouest ». Elle tient à distance l’Asie tout en ayant besoin d’elle pour contrer cette Europe qu’elle suspecte, dans la foulée des effets de l’implosion de l’URSS, de vouloir coloniser comme les autres. A-t-elle tort ? Quand on voit à quel point la photocopie du capitalisme occidental à la Bourse de Moscou excite l’appétit des mafias qui font la pluie et le beau temps sur les marchés lucratifs, sur le dos des peuples de Russie, on peut être sûr que les mêmes causes ont les mêmes effets, en Russie comme chez nous. Le problème, c'est que la photocopie enlaidit ce monde là, qui n'en n'avait pas besoin, et ne favorise pas du tout une avancée de la démocratie.
Poutine est certes un voyous comme il y en a plein dans le monde, opportuniste et mégalomane. Mais les peuples de Russie ne sont pas fascistes et fanatisées comme le furent les Allemands avec le nazisme. Et c’est bien pour cela qu’il faut aller à contre-courant de tous ceux qui veulent amalgamer la Russie au fascisme hitlérien que nous avons connu au XXe siècle. Les appels à la guerre pour en découdre ne font que creuser un fossé qui n’est déjà que trop profond. Ils ne font que scléroser une situation de blocs où chacun resterait encore une fois derrière son rideau de fer. Il faut donc aider les colombes de la paix en Russie. C’est simple !
Au point où nous en sommes, alors que l’angoisse d’un embrasement généralisé souffle sur le monde, les colombes de la paix que nous sommes peuvent se sentir isolées, mais ce sont elles qui ont raison. La solidarité, telle que nous la concevons, nous les communistes, avec Fabien Roussel et toutes celles et ceux qui l’ont porté à mener le combat de l’élection présidentielle n’est pas sélective.
Tout être humain doit avoir les mêmes droits et devoirs dans un monde de paix et de coopération. Le dire et se battre pour la paix -quand tout fout le camp- n’est pas une formule en l’air. C’est une nécessité absolue. Nous laisserons à la déchetterie les propos de ceux qui s’excitent sur les polémiques dans la dernière ligne droite d’un combat qui en appellera d’autres, quel que soit le résultat des échéances du 10 avril. Nous n’élisons pas un roi, fut-il de gauche. Nous nous battons pour les Jours Heureux pour tout le monde. C’est différent.
Yvon Huet
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