L’inévitable Éric Ciotti vient de publier sur les réseaux sociaux la photo de Mourad, l’un des rescapés du l’Ocean Viking, « soi-disant mineur » ; c’est la photo d’un jeune homme au regard clair, au visage émacié, avec un peu de barbe au menton, coiffé d’un bonnet. Selon Ciotti, il ne peut s’agir d’un mineur. Et de réclamer la réintroduction de tests osseux pour déterminer l’âge des arrivants.
Quiconque a vécu parmi les jeunes sait bien qu’évaluer un âge, que ce soit chez les garçons ou chez les filles, est une entreprise hasardeuse. J’ai eu des tas d’élèves qui n’avaient pas dix-huit ans et qui avaient la même tête que Mourad.
Mais la question n’est pas là. Ce qui est révoltant, c’est que ce visage, celui d’un rescapé, n’éveille chez un élu de la République que haine et défiance. Avec un bon brin de lâcheté en prime : comme juger à la tête du client risque de ne pas suffire, soyons racistes jusqu’au bout, humilions ces demandeurs d’asiles en leur faisant passer des tests vétérinaires !
Hegel écrit quelque part que « la pensée est un os », voulant dire par là que l’on ne saurait réduire, comme le voulait la phrénologie de son époque, un être pensant à son ossature ou à la forme de son crâne, et que ce qu’il est, ce qu’il fait, ce qu’il pense, et les possibles dont il est porteur, sont quelque chose d’autrement solide et significatif que son squelette.
La pensée d’Éric Ciotti, quant à elle, relève plutôt de l’ossement.
Jean Michel Galano
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