Pour repousser l'âge de départ en retraite, l'exécutif gouvernementale est obligé à recourir à un véritable mensonge d'État. Ce recul serait un bond en arrière de plusieurs décennies.
Macron revient tout juste des États-Unis, pays roi de la retraite par capitalisation, là où chacun fait son bas de laine sans s'occuper du voisin. Des groupes privés récoltent les milliards mis de côté par les salariés et reversent les pensions en les calculant au grès des fluctuations de la bourse.
En France, la retraite par répartition est basée sur la solidarité et les cotisations sociales adossées au salaire. C'est un conquis en 1945, mis en place par le Conseil national de la Résistance. Les libéraux ont beaucoup de mal à détruire cet acquis. C'est la raison pour laquelle cette réforme, voulue par Macron, est décriée par l'ensemble des salariés du public et du privé, les syndicats, sont unanimes contre cette régression sociale annoncée.
La retraite par point mis sous l'éteignoir, les libéraux ont ressortis leur marotte : l'allongement de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans avec un accroissement de la durée de cotisation. La Première ministre, Élisabeth Borne, doit dévoiler jeudi 15 décembre, le contenu du projet de réforme des retraites aux Français. Mais face à la contestation grandissante, le gouvernement est obligé de déployer une stratégie de communication pour incruster dans les têtes la nécessité ce recul.
Cette communication pousse Macron à commettre un mensonge d'État déclarant que si on ne fait pas cette réforme « on laisse le système de retraite par répartition en danger ». Il rajoute : « Toutes les études sérieuses le montrent : les besoins de financement sont massifs et vont continuer de s’accroître dans les prochaines années. Donc, le seul levier que nous avons c’est de travailler plus longtemps. »
Vraiment ?
Pourtant le Conseil d’orientation des retraites (COR) dit le contraire. Il déclare, dans son dernier rapport, qu'il n'y a point de danger. Le déficit s’établirait d’ici à 2032 entre 0,5 et 0,8 point de PIB. Jusqu’en 2070, la part consacrée dans ce PIB pour les retraites serait stable, de l’ordre de 14 %. De plus les réserves actuelles de notre système atteignent 8,3 % de notre richesse nationale.
L’argument financier ne tient donc pas la route.
Si, en plus, l’objectif d’atteindre l'égalité salariale hommes-femmes est atteint, comme celui d’en finir avec les exonérations de cotisations qui se chiffre en dizaine de milliards d’euros par an, non seulement le système par répartition serait consolidé mais les pensions de retraite seraient à nouveau à un niveau correct.
Travailler plus longtemps ce serait aussi priver la jeunesse de rentrer facilement dans la vie professionnelle et condamner les travailleurs âgés à des pensions misérables ou à la mort au chômage ou aux minima sociaux. Le but de Macron est de limiter la dépense publique à 0,6 % par an, tous secteurs confondus. Voilà la vérité nue et crue du monarque républicain.
Dominique Gerbault
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