La faim réapparait en France. La dernière étude du Crédoc(*) indique que 16 % des Français sont en précarité alimentaire. 4 points de plus en cinq mois, c'est la conséquence de la hausse vertigineuse de prix que le gouvernement fait semblant de juguler.
La hausse constatée est de 15 % sur les prix alimentaires sur un an en avril. Cette augmentation supplante celle de l’énergie. Elle se fait principalement ressentir sur les marques premier prix. « Le panier des personnes consommant ces produits moins chers a ainsi plus augmenté que celui des personnes achetant des marques nationales », soulignent les chercheurs.
Les premiers impactés restent les personnes déjà fragiles, « vis-à-vis de leur santé ou de leur logement », note l’étude car la nourriture reste une dépense modulable, contrairement à un loyer, un crédit, le carburant, l’énergie etc…
« Les trois quarts des personnes concernées citent en effet un manque d’argent comme motif de la situation », est-il ainsi écrit. De fait, « d’une façon générale, indépendamment de l’âge, du sexe ou de la situation professionnelle, être en situation de précarité alimentaire est essentiellement lié aux revenus », note le Crédoc qui plaide pour un « transfert monétaire » à destination des « personnes en situation de précarité alimentaire ».
Les faux semblant du gouvernement
Que fait le gouvernement face à cela ? Il demande gentiment aux grandes enseignes et aux entreprises de baisser les prix et d’augmenter les salaires. Dernièrement, lors d’une réunion à Bercy regroupant les 75 plus gros industriels français de l’agroalimentaire, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, se dit « enfin avoir obtenu des avancées » que « les grands industriels se sont engagés à renégocier avec les distributeurs les prix des produits de grande consommation. ». Y'aura t-il des sanctions en cas de non respect des engagements ? Rien n'est écrit dans l'accord !
Au-delà d’aides ponctuelles, la réponse viable ne réside-t-elle pas dans des hausses de salaires ? C’est en tout cas ce que plaident les syndicats qui viennent de se succéder à Matignon. « L’intersyndicale porte la nécessaire augmentation des salaires, des retraites et pensions, des minima sociaux et des bourses d’études », déclarait-elle dans un communiqué commun.
De nombreuses luttes apparaissent dans les entreprises pour demander des hausses de salaire. L'État préfère envoyer la police pour dégager les piquets de grève que de faire pression sur le patronat pour aider les salariés à sortir de la précarité. Les avancées de Bruno Le Maire sont vraiment très limités.
Dominique Gerbault
(*) Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie.
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