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Sécheresse et vagues de chaleur

Les chiffres sont clairs : depuis plusieurs années, les Pyrénées-Orientales sont confrontées à des températures moyennes plus élevées et des précipitations plus faibles. Sept régions catalanes sont particulièrement touchées : la côte, la plaine orientale, les Albères, les Corbières, les Fenouillèdes, les Aspres et le Vallespir. Dans une moindre mesure, le Conflent est également concerné.

En 2023, ce fut l'année la plus sèche à Perpignan depuis l'ouverture de la station météorologique il y a 100 ans, avec seulement 245 mm de précipitations. En 2022, un record de 305 mm avait déjà été établi en 12 mois. Et en 2021, une valeur très basse de 425 mm a été enregistrée. En revanche, la moyenne annuelle des précipitations entre 1991 et 2010 était de 578 mm. Ces chiffres sont bien en deçà de la moyenne française de 900 à 1 000 mm.

Le total des précipitations des deux dernières années, 2022/2023, n'est que de 550 mm, entraînant une pénurie d'eau récurrente dans les nappes phréatiques et une sécheresse dans les sols et les rivières. Le précédent record remonte aux années 1927/1928 avec 692 mm de pluie, mais à l'époque, il faisait beaucoup plus frais, et l'augmentation annuelle de la température aggrave encore la sécheresse en raison des faibles précipitations.

Des températures de plus en plus élevées

Lorsque les étés sont chauds et qu'il y a de plus en plus de jours avec plus de 37°C ou même 40°C, les températures automnales et hivernales sont anormalement élevées, surtout dans la plaine. Les jours en dessous de 20°C deviennent de plus en plus rares. Le 13 novembre, la température à Céret a atteint 28,5°C. Le mercredi 18 octobre, un nouveau record de température a été établi à Perpignan. La température a dépassé les 30°C. Quelque chose qui n'avait jamais été vu à cette période de l'année au 21e siècle.

À des altitudes plus élevées, la limite de zéro degré tend à augmenter, même en hiver. Par conséquent, il faut monter de plus en plus haut pour trouver de la neige, et elle fond plus rapidement car il fait de moins en moins froid à des altitudes plus élevées.

En ce qui concerne l'ensoleillement, le Roussillon compte parmi les régions les plus ensoleillées, aux côtés du Var (2 995 heures), des Bouches-du-Rhône (2 989 heures), des Alpes-Maritimes (2 952 heures), de la Corse (2 930 heures), du Gard (2 706 heures) et de l'Hérault (2 674 heures). En 2022, il y a eu 2 590 heures, contre une moyenne de 1 600 heures dans toute la France.

De moins en moins de froid

En hiver, le mercure baisse de moins en moins. En 1999, la température la plus basse en plaine était de -9°C, en 2010 de -11°C, en 2020 de -5°C et en 2022 de -6°C. Et la période de gel devient de plus en plus courte, parfois elle n'existe même pas, comme en 2023.

L'avenir agricole de la Catalogne en danger ?

À Rivesaltes, début janvier, la terre est complètement asséchée, comme en plein mois d'août. Les arbres sont mal approvisionnés en eau. Denis est arboriculteur, il n'a d'autre choix que d'arracher ses abricotiers morts ou trop affaiblis pour survivre. « 70 % du verger sont morts en 2022 et 2023 en raison de la sécheresse. Nous avons donc dû tout arracher. Nous avons perdu notre outil de production pour des années », déclare Denis Basserie, arboriculteur à Rivesaltes. La sécheresse persistante depuis deux ans a finalement détruit son verger. Dans un département agricole où la culture des fruits et du vin domine, les inquiétudes grandissent.

Dans les Pyrénées-Orientales, l'année commence comme elle s'est terminée : sans une goutte de pluie. Le lac de Villeneuve-de-la-Raho est le symbole de cette sécheresse. Son niveau d'eau est au plus bas, avec une baisse de plusieurs mètres. Le lac est aux deux tiers vide.

« Il manque 12 millions de mètres cubes pour le remplir. C'est énorme. Nous devons changer notre façon de penser en ce qui concerne le tourisme, l'agriculture et surtout la conservation de chaque goutte d'eau avec une gestion très stricte des barrages », déclare Nicolas Garcia, vice-président du conseil départemental des Pyrénées-Orientales en charge des questions de l'eau. Les mesures visant à limiter l'utilisation de l'eau ont été prolongées jusqu'en février. S'il ne pleut pas beaucoup d'ici mars, 2024 sera pire que 2023.

La situation des puits dans le Roussillon et des calcaires karstiques du massif des Corbières reste extrêmement préoccupante, avec des niveaux très bas, conséquence de déficits pluviométriques depuis plus d'un an, selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). L'établissement public constate que le département est dans une situation encore plus inquiétante que l'année dernière à la même période. Et pour ne rien arranger, « la recharge des eaux souterraines (qui se produit normalement en grande partie en automne) ne semble toujours pas avoir commencé dans le pays catalan ».

En direction de restrictions encore plus strictes que l'été dernier Selon le Syndicat des nappes du Roussillon, les seules zones quelque peu épargnées sont la ligne côtière nord et la vallée de la Têt, qui sont simplement en état d'alerte renforcée. Le reste de la plaine est en crise. Les puits des Aspres et de la vallée de l'Agly sont les plus problématiques. De plus, les piézomètres mesurant les réserves d'eau souterraine se trouvent à Ponteilla, Terrats, Alénya, Saint Hippolyte et Salses-le-Château, à leur niveau historiquement le plus bas.

« Nous nous préparons à un été difficile », déclare le président du Syndicat des nappes, Nicolas Garcia. « Si nous n'avons pas un printemps pluvieux, nous nous dirigeons vers des restrictions encore plus strictes que l'été dernier, lorsque nous avons eu quelques exceptions (campings, piscines communautaires, etc.). Actuellement, nous aurions besoin de deux semaines de pluie pour remplir le lac de Vinça. Ensuite, en 2010, il est tombé 20 cm de neige à Elne en mars, mais cela ne se produit pas chaque année, même pas tous les dix ans. »

Les forages dans le karst de Cases-de-Pène prévoient de prélever jusqu'à 1 million de mètres cubes d'eau par an d'ici 2027. Le projet de sécurité de l'eau potable dans la région d'Agly-Salanque, soutenu par la communauté Perpignan Méditerranée Métropole, a été lancé en début d'année. Ce projet de 20 millions d'euros fait partie de la stratégie de Veolia pour la gestion et la préservation des ressources en eau, le nouveau délégataire de l'eau pour l'ensemble de la ville depuis le 1er janvier 2024.

La gestion de l'eau et des eaux usées de la communauté urbaine Perpignan Méditerranée Métropole (PMM), déléguée à Veolia pour les 12 prochaines années, est liée à un point essentiel : garantir l'approvisionnement en eau potable dans la région d'Agly-Salanque via le karst de Cases-de-Pène. Alors que le nouvel exploitant a pris en charge le fonctionnement des 36 communes de l'agglomération le 1er janvier, comment ce projet va-t-il se concrétiser maintenant ? Théophile Martinez, maire de Cases-de-Pène et vice-président de PMM pour les questions liées à l'eau, avait déjà annoncé en juillet dernier que Veolia investirait 20 millions d'euros dans le forage Notre-Dame-de-Pène sur sa commune dans les 3 ans à venir. Un projet d'usine de traitement combiné à un nouveau système de stockage et de distribution d'eau, reliant cette source des Corbières aux nouvelles communes en aval de l'Agly et jusqu'au réseau d'approvisionnement au nord de Perpignan, est en cours de planification. « Cette nouvelle ressource réduira le prélèvement des eaux souterraines du Pliocène. Et cette connexion sécurisera la distribution à Perpignan en fournissant un complément du karst. En retour, le réseau de Perpignan, alimenté par les eaux souterraines du Quaternaire et du Pliocène, pourra venir en aide en cas de crise dans la région d'Agly-Salanque. »

La privatisation de l'approvisionnement en eau et sa délégation à Veolia sont vivement critiquées, notamment par Jean Vila. Il convient de rappeler la situation à Paris.

En 2008, après 25 ans d'externalisation de l'approvisionnement en eau au secteur privé, la ville de Paris a décidé, pour des raisons politiques et économiques, de reprendre entièrement en main l'approvisionnement en eau. « L’eau est un bien public essentiel, une ressource qui doit être utilisée et préservée par une approche sociale et responsable ».

Avec le retour à la gestion communale en 2008, permettant de réaliser un bénéfice estimé à 35 millions d'euros par an, la ville de Paris a pu stopper l'augmentation considérable du prix de l'eau. Celle-ci s'élevait à 260 % pendant la période d'externalisation. En juin 2011, Paris a pu réaliser une baisse de 8 % du prix de l'eau potable. De plus, il est maintenant possible de planifier à long terme à nouveau, les bénéfices étant réinvestis dans l'infrastructure de l'approvisionnement en eau. Le contrôle est également de nouveau assuré par la ville.

Après la réunion du comité de politique publique de l'eau le mardi 30 janvier 2024, le secrétaire général de la préfecture, Yohann Marcon, a présenté un plan d'action visant à mieux faire face à la sécheresse cette année. Voici les principales mesures annoncées, allant des projets de stockage à la mise en place d'une surveillance de l'eau.

Il est évident que la situation est difficile. Il n'a donc pas été surprenant que le comité de sécheresse décide le lundi 29 janvier 2024 de prolonger les restrictions de consommation d'eau déjà en cours. La préfecture a dévoilé mardi les principaux domaines sur lesquels elle vise à agir dans les mois à venir pour faire face à la sécheresse. Ces mesures ont été discutées au sein d'un comité de politique publique de l'eau réunissant des représentants de secteurs fortement touchés tels que le tourisme, l'agriculture, la construction, ainsi que des experts, des associations et des services gouvernementaux.

« La situation sera sans aucun doute compliquée, nous le savons », a admis le préfet Thierry Bonnier. « Si des restrictions administratives sont nécessaires, je les mettrai en place. Mais nous devons continuer à faire des efforts pour éviter de telles restrictions, que nous ne voulons pas. Bien que notre département soit confronté à des difficultés, nous sommes en avance en termes de solutions et de mesures pouvant être adoptées ailleurs. Nous sommes des pionniers, nous n'avons peut-être pas d'eau, mais nous avons des idées. »

Le secrétaire général de la préfecture, Yohann Marcon, a présenté après les discussions le plan d'action que les services gouvernementaux souhaitent mettre en œuvre rapidement pour mieux lutter contre les effets de la sécheresse. Ce plan comprend toute une série de mesures visant à renforcer la « résilience » du ministère face à ce phénomène.

Certaines des mesures annoncées sont les suivantes :

  1. Prélèvements préventifs dans les réservoirs : Un projet de réservoirs d'irrigation sera approuvé et les cas de prélèvements inférieurs à 60 000 mètres cubes seront examinés dans les six mois.
  2. Régulation des forages non déclarés : Des mesures seront prises pour surveiller et réguler les forages agricoles non déclarés.
  3. Recharge artificielle des nappes phréatiques : Un protocole sera développé pour stocker l'eau des précipitations, des barrages et de la fonte des neiges afin de recharger les nappes phréatiques.
  4. Mise en place d'un « observatoire de l'eau » : D'ici l'été 2024, une meilleure compréhension de l'état des ressources en eau sera atteinte afin de prendre des décisions éclairées.

D'autres mesures comprennent la création de dispositifs de protection obligatoires pour les piscines, un renforcement des contrôles des plans d'économie d'eau dans différents secteurs ainsi que des mesures pour réduire les fuites dans les réseaux d'eau et réutiliser les eaux usées. De plus, les décisions d'aménagement urbain seront adaptées à la situation actuelle de l'eau.

À l'avenir, nous devrions plaider davantage en faveur de contrôles de la consommation d'eau privée, notamment pour :

  • les piscines privées
  • les installations sportives telles que les terrains de golf, les canons à neige dans les sports d'hiver
  • l'arrosage du jardin avec de l'eau potable. En outre, plus de 60 millions de litres d'eau douce pourraient être économisés si les voitures étaient exclusivement lavées avec de l'eau non potable. De plus, il convient de sensibiliser la population sur la manière d'économiser l'eau elle-même, par exemple en renonçant au bain et en prenant une douche quotidienne.

En outre, un projet de grande envergure visant à pomper 500 litres d'eau par seconde pour maintenir en permanence la rivière Têt et ses canaux a été proposé.

Il s'agit d'un projet de tuyauterie destiné à approvisionner la Têt à Ille-sur-Têt, dans les Pyrénées-Orientales. C'est ce que propose le président de la métropole Perpignan-Méditerranée, Robert Vila. Une solution pour dériver l'eau de l'usine de traitement des eaux usées de Perpignan, située à 35 kilomètres en amont de son cours actuel. L'eau provient de l'usine de traitement des eaux usées de Perpignan.

Chaque année, environ dix millions de mètres cubes d'eau y sont traités et rejetés dans la Têt, en aval de la ville, d'où elle atteint rapidement la mer.

L'objectif : pomper de l'eau à travers un tuyau pour soutenir le débit de la rivière. « Cette eau sécuriserait le débit de la rivière. Nous pourrions maintenir le même débit le long de toute la Têt. Tous les canaux pourraient continuer à prélever ce qui leur est dû », explique Robert Vila.

Pour pomper 500 litres par seconde, deux stations de pompage et un tuyau de 800 millimètres de diamètre seraient nécessaires. Le parcours serait de 35 kilomètres, avec un dénivelé de moins de cent mètres.

Le tuyau ne passerait pas par le lit de la Têt, mais sous les rives de Perpignan, puis sous la route nationale 116, peut-être juste à côté, pour éviter de longues études environnementales.

« Nous pourrions simplement poser ce tuyau le long de la glissière de sécurité. Nous pourrions le déposer, ne pas l'enterrer, et le dérouler pour avancer plus rapidement », décrit Robert Vila.

Le projet coûterait 50 millions d'euros. Il vient d'être transmis aux autorités étatiques. Le président de l'agglomération espère une réponse rapide pour réaliser le projet avant l'été 2025.

Pour l'avenir, en plantant des pistachiers, l'association « Avenir productions agricoles résilientes méditerranéennes » (Aparm) cherche à relever trois défis, explique Myriam Levalois, coordinatrice de l'association : identifier des plantes adaptées à la pénurie d'eau ; augmenter la diversité des cultures pour assurer un revenu supplémentaire aux agriculteurs ; et réutiliser les terrains en friche, très vulnérables aux incendies. Dans ces conditions arides, ces buissons de pistachiers - actuellement de maigres troncs nus d'environ soixante centimètres - se distinguent par leurs besoins en eau réduits et leur capacité à pousser presque n'importe où, y compris sur les terrains rocailleux et desséchés de la plaine du Roussillon.

Wolfgang Reinicke-Abel
Céret le 19. fevrier 2024

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