Pour tenter de répondre à cette petite question, j’évoquerai 3 points
1) L’état du système capitaliste
Sur ce point, il paraît souhaitable de montrer que l’extrême-droite n’est une simple idéologie venue d’ailleurs, mais qu’elle s’appuie sur un vécu économique, social, idéologique.
Qu’est-ce qui motive ceux qui dirigent cette organisation sociale ?
Vous allez naturellement montrer votre scepticisme sur l’idée que le capital veut répondre aux besoins. Vous avez raison. Quand Sanofi refuse de fabriquer un médicament car non rentable, c’est bien une non réponse aux besoins. Nous pouvons multiplier les exemples. Cependant le capital s’appuie sur les besoins des hommes et des femmes pour se faire de l’argent par exemple les loisirs ou les cliniques privées.
Dans la phase actuelle du système capitaliste, il y a de plus en plus une déconnection entre ce que certains appellent l’économie réelle et l’économie financière.
Je pense que, nous communistes, devons percevoir que cette déconnexion n’est pas l’affaire des seuls tradeurs mais qu’elle imprègne la société. Ainsi les choses ne sont plus vu en fonction de leur utilité mais du prix. C’est la distinction entre valeur d’usage et valeur d’échange.
Par exemple, ce qui a permis de trouver un vaccin, ce ne sont pas les billets de banque. C’est le travail des chercheuses et chercheurs, qui ont pour la première fois échangé leurs travaux de recherche au niveau international.
Dans ce cas la valeur d’usage c’est le vaccin, la valeur d’échange c’est ce que les trusts pharmaceutiques ont facturé. Comme les trusts pharmaceutiques se sont fait beaucoup d’argent, certains ont considéré que le vaccin était une pompe à fric et non un moyen de vaincre la pandémie.
Chacun sait comment les forces d’extrême-droite, des groupes religieux, des gouvernements de droite et d’extrême-droite ont nui aux débats scientifiques sereins.
Par conséquent cette exacerbation de l’argent comme unique moyen d’apprécier une chose et la recherche de faire de l’argent comme finalité de développement est très dangereux.
C’est donc le capitalisme dans sa phase de financiarisation de l’économie.
Par exemple La capitalisation boursière.
À cette exacerbation de l’argent, s’ajoute l’exacerbation de l’individualisme.
La pression idéologique est menée pour que chacun soit différent, voir supérieur à l’autre, que nous n’avons pas besoin de son prochain pour vivre.
Si nous sommes attaché au respect des personnes et des individus, nous ne pouvons mé-estimer comment le système capitaliste organise l’éclatement des corps sociaux. Pour une même activité, les salaires sont différents (salaires hommes-femmes), les statuts sont différents (sous-traitants), (Immigrés-français).
Ces exacerbations de l’argent l’exacerbation de l’individualisme génère des crises des mécontentements des drames et c’est sur cela que le RN surfe.
Pour me faire comprendre sur comment le système atteint les personnes.
Je vous lit l’extrait d’une déclaration de Philippe LEHOUCK délégué syndical CGT de Valdune ( fabricant d’essieux et roues pour trains, métros). « On va aller jusqu’au bout. Voir 15 à 18 suppressions de postes chez nous nous et la moitié des effectifs partir à Trith-Saint-Léger, c’est terrible. Mais il y a un mois, on parlait de fermer Valenciennes. L’an dernier, c’était même tout le monde à pôle emploi ».
Comme le dit le camarade, « c’est terrible ».
Ceux qui perdent leur emploi se retrouve seul devant leur famille, leurs enfants, les autres. Personne ne peut imaginer que vivre un tel drame ne pèse pas notamment idéologiquement sur ces travailleurs comme sur le délégué. En effet ce que perdent ces travailleurs, ce n’est pas seulement le salaire, c’est leur savoir-faire, la reconnaissance de leur travail. Malheureusement, les restructurations, les délocalisations et donc les plans de licenciements sont très importants.
Nous savons que le RN est du côté de la répression comme à l’égard des éboueurs en lutte de la communauté urbaine de Perpignan. Mais quand vous vous retrouvez seul, avec un tel drame, et dans l’environnement idéologique actuel, on peut comprendre que certains peuvent fléchir vers le RN.
De plus ces vécus génèrent des déclassements. Cela nourri spondanémment l’idée qu’avant c’était mieux.
J’en viens au deuxième point.
Le rapport au Travail
J’évoquai précédemment la distinction entre valeur d’usage et valeur d’échange.
Le travailleur fournir un travail, celui-ci a une certaine utilité, un valeur d’usage (le boulanger fabrique du pain) et en contre-parti le travailleur reçoit un salaire qui représente la valeur d’échange de sa force de travail.
Sans sous-estimer les luttes pour de meilleurs salaires, je veux mettre en relief le mécontentement à l’égard du contenu du travail.
Ainsi, selon certains sondages, 8 actifs sur 10 estiment que leur travail à du sens (39% tout à fait, 45 % plutôt). Cependant 4 sur 10 envisageraient de quitter leur emploi pour un emploi davantage porteur de sens dans les 2 ans à venir (avec une proportion plus importante de jeunes, de manageurs et de femmes) (Anact 16/6/2022). C’est-à-dire que des enseignants considèrent que leur travail réel n’est pas bien. Que des travailleurs d’Orange étaient à ce point écoeurés de leur travail que certains se sont suicidés. Je ne développe pas.
Cela montre le gouffre qu’il y a entre la conscience professionnelle, la volonté de faire du bon travail, d’être reconnu pour le contenu de son travail individuel et collectif et la rentabilité financière.
Nous voyons ainsi les limites d’un pays d’une économie uniquement animé par la satisfaction les investisseurs, doctrine chère à Tirol, prix Nobel d’économie et conseiller de Macron.
Faire du travail un axe de notre démarche politique me paraît fondamental car nous vivons essentiellement grâce au travail et celui-ci doit, évidement, intégrer les aspects écologiques.
Les syndicats sont préoccupés de cette question du travail, de son utilité, de sa finalité, et bien sûr des conditions et rémunération.
Dans les revues de la FSU, il y a de nombreux articles sur le travail et des confrontations avec des chercheurs. Les syndicats CGT de chez Thalès militent pour un transfert d’activités militaires vers des activités d’équipements médicaux.
Parler du travail est un enjeu politique. Malheureusement, à gauche, c’est pas terrible. Le PS est encore englué dans l’analyse de sa fondation Terra Nova disant les travailleurs ne sont plus au cœur (électoralement) donc il faut s’intêresser aux classes moyennes. Or les classes moyennes sont elles aussi confrontées à cette contradiction entre utilité, sens du travail et le critère de rentabilité financière.
Concernant le parti écologiste, je citerai Sandrine Rousseau lors de la fête de l’Humanité 2023 : « Tant qu’on met le travail au cœur de nos réflexions, alors nous ne pensons pas écologie, parce que l’écologie, c’est du temps sans travail, c’est du temps libéré de la croissance et de la production ; l’écologie, c’est du bien vivre, c’est la solidarité, c’est l’égalité ».
Chacun peut imaginer l’impasse à déconnecter les questions environnementales et le travail. Il est pour le moins souhaitable que les agriculteurs se prémunissent du glyphosate pour survivre et produire des produits de qualité.
La FI considère que la gestion des entreprises, c’est l’affaire des patrons. Ainsi pour faire face au chômage, « le chômeur se verra proposer un emploi utile à la transition écologique ou à l’action sociale, en lien avec ses qualifications et sur la base du volontariat ».
Œuvrer à la neutralité carbone à l’horizon 2050, c’est s’attaquer aux politiques pratronales et gouvernement tant sur la nature et qualité des produits et services que de leurs utilités et c’est sortir de la seule l’intervention étatique pour résoudre les problèmes.
Le PCF propose la sécurité d’emploi et de formation.
Me suis-je éloigné du sujet : combattre l’extrême-droite et le RN ?
Non tout simplement parce que le RN se moque du travail.
Ainsi nous, les communistes, devons s’appuyer sur cette contradiction entre la conscience professionnelle, la volonté de faire du bon travail, d’être reconnu pour le contenu de son travail individuel et collectif et la rentabilité financière.
J’en viens au 3ième point.
Proposer, s’organiser
Lorsque nous lisons les tracts du RN ou nous entendons porte-paroles RN, nous pouvons constater qu’ils listent les colères, attisent les mécontentements, nourrit le ressentiment, et bien sûr la haine de l’immigré.
Pour ainsi dire, jamais de proposition. Lorsqu’il s’aventure sur une proposition « augmenter les salaires », il propose de réduire les cotisations « patronales ». Alors que deviennent les pensions retraites et le « trou de la SS » ?
Est-ce qu’une colère résout un problème. Non. Après la colère, il faut construire. Je ne conteste pas les colères, c’est un fait. Mais, comme force politique nous devons faire des propositions.
C’est pourquoi nous devons faire un effort pour ne pas se limiter à dénoncer mais apporter des propositions constructives.
Le PCF a des propositions ; le programme des présidentielles 2022, le plan d’été 2023, le programme des élections européenne, le préprojet « Empreinte 2050 – Plan climat pour la France ».
Par-delà les propositions, nous devons nous organiser.
Le RN Jean-Philippe Tanguy 11 mars 2024 (France culture) « La principale différence avec le programme de la NUPES reste notre volonté de réduire les inégalités par le travail, notamment celles d’accès à l’emploi et rémunération. Nous reconnaissons les talents de tous, quand bien même, ils ont de faibles qualifications, ce qui n’équivaut pas à un manque de talent ou de capacité à créer des richesses. Tandis que la gauche a une vision redistributive qui veut corriger les inégalités du marché par un rôle trop important de l’Etat. Un projet d’ailleurs inefficace dans une économie ouverte qui ne fait qu’aggraver la dette sans vraiment réduire les inégalités ».
Le RN propose une augmentation globale de 10 % des salaires par un accord d’entreprise qui toucherait tous les salariés, qu’ils soient au SMIC ou jusqu’à 3 SMIC, c’est-à-dire parmi les classes moyennes supérieures ». Pour combattre « le problème du consentement à l’impôt », ces hausses seraient exonérées fiscalement pendant 5 ans avant de revenir dans le régime d’imposition normal et pas de cotisations patronales.
Le 1ier point du programme du RN :
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