Cette maladie vieille comme le monde, comme celle de l'instrumentalisation mercantile du corps des femmes, passe par des couloirs de communication diverses. Ainsi, certains disent que les étrangers qui ne respectent pas les lois françaises doivent retourner dans pays. Si on gratte l'argument, on voit derrière la peur de l'autre, celui qui ne voudrait pas s'intégrer à nos lois, voire plus, l'enfant d'immigré devenu français, bien que pas tout à fait, qui salirait notre sol immaculé…
Nos lois ? Comme si nous étions un pays de droit irréprochable. Nos lois ? Comme si ce n'était pas une majorité écrasante de Français (dans le cadre restreint de la délinquance évidemment) qui se croient « de souche » qui les bafouent en permanence sous des formes multiples et à qui personne ne demande de partir ailleurs.
Ce genre de rengaine qui met en évidence un mal « français » certes, mais surtout universel, certains le relaient, même quand ils pensent à gauche sur bien des sujets…
Le manque de perspectives politiques, la crise du capitalisme qui régénère l'esprit prédateur, appuyé par des médias puissants en permanence, expliquent en grande partie cette dérive, mais il y autre chose. Le ressenti de la vie dans un village où il ne se passe rien, le besoin de se cacher derrière des murs dans les résidences en isolées où la tranquillité devient lancinante, la routine sans confrontation autre qu'aux mêmes discussions sur la « sécurité », alimentée par les nouvelles choisies sur les chaînes de la TNT, autant de facteurs du quotidien qui aggravent le mal. J'ai remarqué, par exemple, à Céret, que le vote RN était beaucoup plus fort dans les quartiers excentrés qu'en centre-ville. Cela n'explique pas tout, mais c'est à verser au dossier des éléments à réfléchir. Là où il n'y a ni mélange ni vi en commun, le racisme a plus de facilités à s'incruster.
Pour faire avancer les choses, il faut continuer inlassablement à faire reculer cette manie encrée dans des millions de comportements. Une tâche immense, même si la gauche prend un jour le pouvoir. Elle l'a déjà eu et nous savons où nous en sommes. Alors oui, ne croyons pas au père Noël. La bataille contre le racisme sera toujours longue et difficile, dans un monde livré aux guerres claniques de par le monde. Mais elle est indispensable, faute de quoi les victoires sur l'égoïsme des riches seront toujours éphémères.
Yvon Huet
Il y a actuellement 0 réactions
Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.