L’actualité de l’été aura démontré, s’il en était encore besoin, l’importance d’exigences élevées en termes de politique de paix et de sécurité collective, et d’une autre orientation de la politique de la France, alors que celle menée par Macron mène à un effacement toujours plus grand.
Dans le maelstrom de l’exacerbation des concurrences, dans le contexte de la réorganisation des rapports de forces entre puissances et multinationales, de recomposition des alliances, de cette mondialisation capitaliste émiettée, les risques de généralisation des conflits sont donc fortement présents. Les tensions géopolitiques, financières, sociales, pour le contrôle des ressources énergétiques sont toujours plus étroitement imbriquées. De même, l’intrication des rivalités régionales et internationales est de plus en plus étroite. Les prochaines semaines vont être marquées par des évènements internationaux importants (sommet des BRICS à Kazan en octobre, élections aux USA début novembre…). Avant même ces échéances, la volatilité armée et dangereuse de la situation au Proche Orient, selon les débouchés très incertains des négociations en cours à Doha et au Caire, et en Ukraine, peuvent provoquer à tout moment une accélération incontrôlable de l’escalade guerrière. `
Cela implique quatre exigences :
- Porter une attention aux dynamiques de la recomposition du monde et à leurs contradictions. La dédollarisation des échanges se poursuit, lentement mais surement. Les banques centrales russe et indienne sont en train de travailler à l’établissement d’un taux de change de référence entre le rouble et la roupie pour faciliter leurs échanges sans passer par le dollar. L’émergence du « sud global » et des BRICS est un phénomène profond, cela ne va pas sans contradiction sur les moyens et même les objectifs parmi l’ensemble des acteurs, ni encore moins sans rapport de force en leur sein. Les résultats et contradictions du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai qui s’est réuni à Astana début juillet le montrent clairement, notamment sur les priorités de développement des circuits énergétiques et sur la connexion entre les différentes initiatives qui se développent en Eurasie (Nouvelles Routes de la soie ; Route internationale trans-caspienne contournant la Russie, pour laquelle l’UE a aussi un intérêt stratégique ; corridor Nord-Sud – entre la Russie, l’Iran, et l’Inde, pour contourner les sanctions occidentales contre la Russie). La question de la sécurisation des transports énergétiques est donc absolument centrale, alors que les rivalités s’exacerbent. Ce n’est donc pas un « contre-bloc » qui émerge mais une aspiration globale.
- Combattre les logiques de blocs. Le sommet de l’OTAN qui s’est tenu à Washington a contribué à renforcer la logique de blocs de l’Alliance atlantique, en réaffirmant la stratégie de l’ « OTAN global », à destination de l’Europe mais également de l’Asie. De plus, la déclaration qui en est issue réaffirme l’objectif de créer un espace euro-atlantique de libre-échange en matière d’industrie de défense, au bénéfice des industries américaines. Cela pose d’une manière aiguë l’exigence de l’autonomie stratégique de la France et de l’Europe et celle de la capacité d’action de notre pays en toute indépendance.
- Faire entendre la voix de la diplomatie et des solutions politiques. Le cessez-le-feu au Proche Orient et la libération des otages est indispensable. Il impose de renforcer la pression sur le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou par des sanctions, c’est-à-dire la suspension de l’accord d’association avec l’UE et la fin des exportations d’armes et de la coopération militaire. La reconnaissance de l’État de Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale aux côtés de l’État d’Israël doit être une priorité. La déclaration issue de la rencontre entre le PC israélien et le PPP palestinien est de ce point de vue un point d’appui. L’avenir des négociations de paix en Ukraine, qui est posé avec l’invasion de la région de Koursk, doit également demeurer un axe fort de la politique de la France. Il s’agit d’aller à l’inverse de l’engrenage actuel, alors que les USA viennent d’annoncer le déploiement de missiles de longue portée en Allemagne. N’oublions pas non plus les conflits négligés, car ils explosent toujours à la face du monde, au Soudan, en RDC. Selon l’agence internationale des migrations de l’ONU, le Soudan se trouve à un « point de rupture cataclysmique ».
- Enfin le renforcement des liens de solidarité internationale et du dialogue politique entre les partis progressistes, communistes et ouvriers, avec la gauche européenne et internationale. Le PCF a multiplié les entretiens bilatéraux au cours de la dernière période, pour se nourrir des différents apports et des différents points de vue, mais également pour envisager avec eux les moyens d’élaborer des cadres de solidarité plus efficaces et plus réactifs aux enjeux réels pour les peuples.
Article publié dans CommunisteS, N°1006, 21 août 2024.
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