Le très attendu troisième plénum du 20e Comité central du Parti communiste chinois (PCC) s’est tenu à Pékin du 15 au 18 juillet. Traditionnellement consacrée à l’économie, cette réunion politique est destinée à prendre, confirmer ou rectifier des décisions qui feront autorité pour les années à venir. Pour fixer le cap et relancer l’économie, Pékin a opté pour une approche prudente et a choisi d’« appliquer une médecine douce » selon les termes du Premier ministre Li Qiang.
La période est délicate pour la seconde puissance mondiale. La Chine fait face à une triple crise inédite : crise immobilière, crise de la consommation - toujours faible -, et crise du chômage, toujours élevé chez les jeunes. Selon le BNS (Bureau national des statistiques), le ralentissement de la croissance au deuxième trimestre à 4,7 % en rythme annuel au lieu des 5 % prévus, signe d’une reprise économique post-covid laborieuse.
Ces difficultés sont accentuées par les tensions géopolitiques et l’exacerbation des concurrences avec les États-Unis et l’Union européenne dont les sanctions influent sur son commerce extérieur. Pour rappel, depuis le 4 juillet, la Commission européenne applique des droits de douane provisoires entre 17,4 % sur les voitures du constructeur BYD, ou jusqu’à 37,6 % sur les voitures de SAIC à leur entrée dans l’UE. Auxquels il faut ajouter les 10 % déjà en place avant cette mesure. En conséquence, Pékin recentre ses exportations vers l’Asie du Sud-Est devenue la première zone d’échange de la Chine.
Le long communiqué final de 30 000 signes réitère l’engagement de la Chine en faveur d’une « nouvelle philosophie de développement », axée sur un « développement économique de haute qualité » porté par une « innovation tous azimuts ». Il insiste sur l’importance de trouver de « nouvelles forces productives » qui recouvre la vision d’une croissance soutenue par des développements scientifiques et technologiques. « Exigence inhérente » à une modernisation de haute qualité, insiste-t-on.
Le gouvernement chinois confirme sa stratégie réorientée depuis quelques années vers une croissance durable et axée sur l’innovation et les technologies de pointe, dans laquelle la place de l’État reste prépondérante. Le communiqué annonce une valorisation du « rôle des mécanismes de marché » tout en affirmant « une régulation » efficace de ce dernier par les pouvoirs publics. La libre entreprise reste sous contrôle dans les domaines stratégiques : ainsi les entreprises privées orientées vers le développement de technologies stratégiques et la production de produits manufacturés de pointe seront favorisées et bénéficieront de financements publics.
Autrement dit, les entrepreneurs et les entreprises de tous types doivent fonctionner plus efficacement dans le cadre des orientations prioritaires définies par les autorités.
Le statut particulier accordé à la science et à la technologie relègue le secteur immobilier -qui a longtemps dopé la croissance et est aujourd’hui en déroute - à un rôle de second plan. Si les dirigeants chinois se sont engagés à tout faire pour « prévenir et éliminer les risques dans ce domaine », aucune précision n’a été donnée. L’effondrement de l’immobilier touche aussi les collectivités locales qui connaissent de graves difficultés financières avec des comptes souvent plombés par des dettes. Ces dernières sont la conséquence de trois ans de dépenses, notamment pour lutter contre le Covid, mais surtout en raison de la privation d’une partie importante de leurs ressources issues de l’immobilier.
L’un des grands points noirs pour relancer la croissance est la faiblesse de la consommation intérieure. Faiblesse liée étroitement à la faiblesse des protections sociales. Or l’augmentation du niveau de vie est pour le PCC primordiale pour maintenir la stabilité sociale. Étroitement lié aux résultats et aux directives stratégiques du troisième plénum, le gouvernement a présenté début août 20 mesures destinées à soutenir la consommation des ménages, comme des déductions d’impôts liées à la prise en charge des enfants et des personnes âgées.
Dominique Bari
Article publié dans CommunisteS, N°1007, 28 août 2024.
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