Je ne refuse pas de m'informer sur le niveau de l'élection américaine, un monde qu'on dit développé et puissant, icône de l'intelligentsia occidentale qui protège le monde contre les méchants. L'exercice est étonnant. On ne sait pas si on doit rire ou pleurer. D'un côté une candidate démocrate sur la défensive qui essaie de sauver ce qu'elle peut d'une puissance ouverte sur le monde, même si ce n'est pas la remise en cause de l'impérialisme récurrent de ce pays et, de l'autre, un guignol sponsorisé par l'un des hommes le plus dangereux du monde, Elon Musk, qui, avec la cohorte des autres patrons de multinationales, lui apporte un immense tapis de billets verts pour acheter le vote des citoyens américains qui vivent la frustration et la peur du lendemain…
Le patronat américain joue en effet majoritairement la carte Trump, non pas pour un simple repli protectionniste comme le disent les médias effarouchés, mais pour rejoindre la cohorte des pays ultra-libéraux nationalistes qui plombent la démocratie dans le monde entier et transforment la planète en supermarché du consumérisme bêtifiant… Avec ici et là pour s'amuses, quelques guerres à financer contre ceux qui voudraient se mettre sur leurs autoroutes, seule façon pour eux de rester la première puissance mondiale, quitte à prendre le risque de faire exploser la planète.
Le démagogue milliardaire s'est transformé pour la cause en vendeur de burgers dans un MacDo, pour ne citer que ce genre de folklore. Sa vulgarité crasse fait rire ses fans dans un championnat du monde gagnant de la médiocrité culturelle. Quand un grand patron veut gagner les élections aux USA, il doit faire « peuple » et flatter le dessous de la ceinture tout en y mettant une dose sérieuse de martyrologie quand il s'agit de remettre en cause ce qui reste d'un État de droit dans son pays.
En face, on n'a malheureusement que le sauf qui peut d'un monde qui n'a pas choisi suffisamment la rupture avec le dictat des affaires pour concurrencer le petit monstre. Il ne gagnera peut-être pas, mais comme en France et ailleurs, il pèsera très lourd pour imposer une paralysie de la démocratie politique et sociale dans son pays et au-delà. Je ne souhaite pas ce genre de destinée pour un pays qui n'est pas composé que de citoyens écervelés, loin de là.
En lisant le livre de Christine Campanien sur Jim Harrison, écrivain et poète du Montana disparu il y a huit ans, je me dis que ce pays, pas plus qu'un autre, ne mérite de tourner en rond dans ce ballet maudit de psychopathes qui veulent jouer avec la planète à la manière de celui que caricaturait si bien Charly Chaplin dans son film, le Dictateur, même si c'est dans d'autres conditions. Mine de rien, il ne faut pas négliger cette autre Amérique, bien sympathique, qui, même si elle est minoritaire, fait partie de ce que nous devons de défendre pour l'émancipation d'un monde encore happé par les charognards de l'insupportable. Aucun peuple n'est maudit. Ce qui est maudit, c'est la prison mentale dans laquelle les prédateurs l'enferment.
Yvon Huet
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