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Le billet d’Yvon Huet. Planète bleue… comment sortir de k’eau trouble ?

L'impérialisme américain pire que les nazis ? Cette question, certains l'ont tranché en disant oui. Mais le piège, c'est la question. C'est comme si on disait Israël pire que le IIIe Reich. Le sectarisme binaire amène à ce genre de résultat contreproductif qui gangrène les débats politiques et étouffe les repères démocratiques que notre société doit construire pour initier un dépassement heureux du capitalisme. On est loin ? L'histoire ne s'écrit jamais à l'avance.

Pour remettre en cause cette tendance frustrante des débats de société, particulièrement dans la gauche qui, à force de se chercher, risque de perdre son temps, donc celui de celles et ceux qu'elle défend, il faut s'intéresser à l'histoire, ce que je fais modestement en ce moment en prenant pour point de départ l'année 1984, donc il y a plus de 40 ans déjà, mais c'est une autre histoire qui, pourtant, explique en grande partie ce que nous vivons aujourd'hui.

L'histoire nous apprend que le mouvement des sociétés est initié par des forces de propulsion contradictoires et complexes qui remettent toujours en cause les grands soirs et permettent encore à un système devenu dangereux pour l'Humanité de sévir et profiter du chaos qu'il crée.

Le capitalisme, forme très récente de fonctionnement de l'économie mondiale, contrairement à ce qui est dit communément, a toujours eu une tendance globalisante. Ceux qui l'ont analysé au XIXe siècle, Karl Marx en tête, aussi flamboyant qu'une nouvelle maladie sociale tout en étant moteur d'une mutation de société fulgurante (dont beaucoup ont profité), l'avaient repéré et analysé. Ces analyses sont toujours justes, même si le contexte a changé et appelle des mises à jour permanentes.

Ce qui est nouveau, c'est que chacun peut désormais le suivre ne serait-ce qu'en lisant les cours de la Bourse au petit déjeuner, c'est aussi qu'il prend le relai du politique en installant au pouvoir ses fondés de pouvoir comme c'est le cas en France avec Macron et fut le cas dans la mise au pas par la vassalisation financière de la Grèce et, ne l'oublions pas, de l'Italie avec Mario Draghi, aujourd'hui vice-président de Goldman Sachs. Mais cela ne suffit pas pour mettre ce système hors de danger d'une remise en cause toujours possible. Le capital se sait fragile. Il appelle donc l'extrême droite au secours, mais d'une façon différente qu'au XXe siècle.

La double caricature du couple Trump/Musk donne une idée claire de cette tendance dans un contexte où l'extrême droite ne sert plus de « nettoyeuse » brutale des révolutions mais de renfort pour combler les fissures du mur de l'argent. Les rôles ont changé. La référence aux modèles du passé a donc ses limites et peut conduire à des erreurs d'appréciation.

Dans ce contexte, les sociétés issues de l'implosion de l'URSS aboutissent plutôt à une fusion des rôles de ceux qui ont mis la main sur les richesses de ces pays. La concurrence clanique met au sommet des États les plus forts et les plus doués dans le cadre d'une société qui donne au capitalisme une nouvelle porte de secours. À sa façon, Poutine est passé maître dans cet « art », mais il n'est pas le seul. Je réfute donc l'idée qu'il y aurait d'un côté des méchants « occidentaux » et de l'autre de gentils petits nouveaux du « reste du monde », dont la Chine, qui voudraient échapper à l'appétit du grand méchant loup et apporteraient le bonheur aux peuples sur un plateau d'argent.

Dans ce que l'on pourrait comparer à un « dessous des cartes », les Islamistes ont servi la cause du capitalisme en nettoyant les forces démocratiques, à l'ancienne, diraient certains, particulièrement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Ils la servent encore en donnant prétexte à Israël, devenu la tête de pont des intérêts américains, d'un véritable génocide en règle du peuple palestinien, obstacle à la globalisation d'une nouvelle forme de totalitarisme, qu'il soit religieux ou non, dans cette région du monde.

Reste que rien n'est jamais figé, comme l'exprime si bien Francis Wurtz dans ses analyses. La Syrie, débarrassée du régime de terreur d'Assad, est à la croisée des chemins et les islamistes, qui ont pignon sur rue au Qatar, second client de la France en matière d'armement, n'ont pas les mains libres pour faire la même chose que les Ayatollahs d'Iran. On croise les doigts…

On peut aussi citer l'Ukraine. Cette guerre a tué tant de jeunes qui auraient pu vivre ensemble, qu'ils soient Ukrainophones ou Russophones. Quel gâchis pour rien ! Elle a servi de fuite en avant juteuse à un niveau jamais atteint pour le marché des armes, boosté par l'innovation technologique permanente. C'est un cas typique d'une mise en condition des peuples pour qu'ils vivent en permanence dans la haine de l'autre.

La leçon de tout cela ?

La lutte pour la liberté, pour la destruction de tous les murs, qu'ils soient concrets ou virtuels doit être le vecteur des objectifs des forces progressistes. Autant que celle d'une nécessité de profiter ensemble des immenses progrès que permet l'innovation scientifique permanente tout en protégeant cet environnement naturel dont nous sommes les enfants.

Le capitalisme n'est pas un château fort qu'on attaque avec des mots pour se rassurer d'avoir raison. On peut le remettre en cause par un double mouvement, celle de chacune et chacun dans son contexte local et national, en surmontant la pire des peurs, celle de l'inconnu qui produit le repli. Faire avancer le vivre ensemble chez nous et par-delà des frontières qui ont été dessinées partout par des généraux d'empires doit permettre de faire avancer l'idée d’un nouvel internationalisme dont la jeunesse devrait s'emparer.

Ne soyons pas dupes. Les puissants ont plus d'un tour dans leur sac pour continuer à régner en maîtres et des moyens énormes pour gérer le temps long. Mais ils ont un obstacle de taille. Après avoir cru qu'ils avaient gagné le gros lot en tuant le rêve des partageux au XXe siècle, ils se sont aperçus qu'il leur fallait encore montrer du muscle pour ne pas risquer de s'écrouler. Pourquoi ? Nous sommes là et bien là, prêts à multiplier les pains de l'espoir, sous réserve de ne jamais sous-estimer la bête immonde qui peut toujours remonter, même en nous.

Yvon Huet

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Le billet d’Yvon Huet. Planète bleue… comment sortir de k’eau trouble ?

le 10 January 2025

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