Après Volkswagen qui a décidé de délocaliser aux États-Unis deux de ses marques, Porsche et Audi, pour échapper à l’augmentation des taxes douanières promues par Donald Trump le méga-groupe français de transports maritimes CMA-CGM a annoncé qu’il allait investir 18,3 milliards d’euros dans ce pays.
Ces projets bénéficieront de subventions si les entreprises concernées font appel à des matières premières, des matériels ou des services made in USA. Avec ces investissements colossaux, ces majors européens espèrent se mettre à l’abri des surcoûts douaniers, devenir de bons partenaires du maître de la première économie mondiale et, au final, engranger toujours plus de profits.
« La tentation américaine » à laquelle ces deux groupes ont « cédé » vaut aussi sur le plan politique. Alors ministre de la Fonction publique d’Emmanuel Macron, Guillaume Kasbarian ne s’était-il pas déclaré « pressé de partager » avec Elon Musk « les meilleures pratiques pour lutter contre la bureaucratie » ? Cette lutte que conduit Musk à la liquider des services publics et sociaux. Elle affecte durement les plus modestes. Elle est couplée à une véritable chasse aux sorcières de tous les éléments progressistes de l’administration, au prétexte d’« alléger » les finances fédérales.
« Dominer, contraindre », Donald Trump a réaffirmé ce credo il y a deux semaines : « Je vais créer l’État le plus puissant de la terre », a-t-il déclaré devant le Congrès américain. Sa politique agressive vise donc les États autant que les individus.
Contrer cette politique conspirationniste
S’ajoute une xénophobie et un suprémacisme assumés. Quand Trump évoque, de façon mensongère, des discriminations dont seraient victimes les Afrikaners sud-africains, qu’il se dit prêt à accueillir, il signifie à tous les suprémacistes blancs de la terre qu’il est à leurs côtés. Dans le même temps, en prévoyant d’expulser des millions de « sans-papiers », il fait clairement savoir aux migrants qu’ils n’ont rien à faire aux États-Unis. Les mouvements d’extrême droite européenne sont sur la même longueur d’onde.
On observera que cette obsession ethno-économique et cette volonté impérialiste de Trump rejoignent en partie les visées de Poutine : l’un et l’autre sont prêts à amputer territorialement l’Ukraine ou à la déposséder de ses richesses naturelles pour satisfaire leurs volontés hégémoniques.
Face au rouleau compresseur économique, politique et culturel des Trump et Poutine, et des puissances économiques qui les soutiennent, on n’en finit pas de s’inquiéter du champ libre que leur laissent, en France, ceux qui se réclament les héritiers de 1789 et de Jaurès. Une révolution et un homme qui firent de l’Égalité l’alpha et l’oméga. On voudrait les voir unis face à cette nouvelle vague néocapitaliste fascisante. Mais chacun s’escrime à chercher des « combinaisons » pour s’emparer d’un leadership qui lui donnerait accès aux palais de la République. Un espoir vain si les uns et les autres ne sont pas les porteurs d’un programme populaire fondé sur ladite égalité et le bien commun, et porteur de l’avenir positif auquel chaque être a droit.
Dominique Gerbault
Il y a actuellement 0 réactions
Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.