La démagogie populiste est souvent utilisée par certains élus pour éloigner de la politique la majorité des citoyens, avec le secret espoir de ne voir voter que leurs admirateurs à force de lasser les autres et se battre uniquement pour renouveler leur mandat par tous les moyens, y compris les plus tordus... Pour limiter les effets pervers de la représentation autant que la corruption et tout le reste, il serait bon de penser à un système électoral qui empêcherait un citoyen de se présenter plus de deux fois de suite à des élections autres que territoriales, donc la présidentielle et les législatives, (ce qui est déjà le cas pour la présidentielle) en maintenant l'impossibilité pour un maire de devenir député ou président et inversement. Quand je dis deux fois de suite, cela ne les empêcherait pas de se représenter après une pause nécessaire leur permettant de revenir à la vie active sous une forme ou une autre sans pour autant rompre avec la vie politique.
Quand je dis deux fois de suite, selon le bon vouloir des électeurs évidemment, c'est par expérience. Un seul mandat ne permet pas à un élu d'avoir la possibilité de suivre ses projets et d'avoir la formation nécessaire pour être efficace. Si on en venait à un mandat, ce seraient les hauts fonctionnaires de la fonction publique qui feraient la pluie et le beau temps, avec une dérive autoritaire très négative. Ces tendances existent déjà. Il ne faut pas les flatter par démagogie. Je pense donc que le relais permettrait un renouvellement de la responsabilité citoyenne plus intéressant que ce que nous connaissons aujourd'hui.
Il ne s'agit pas de dénigrer des députés qui ont eu un mandat très longtemps et ont été très bons, comme notre ami André Chassaigne et d'autres. Il s'agit donc de proposer une solution qui oblige la citoyenneté à entrer dans l'arène politique et non à rester comme elle l'est aujourd'hui en spectatrice d'un mauvais feuilleton servi dans les médias en boucle. Cette proposition pourrait y aider.
Autre contrainte possible pour sortir de cette société de dépendance à l'image des « héros » bien aimés ou mal aimés de l'hémicycle : Il faudrait que ce soit de l'Assemblée nationale que soit issu un gouvernement et non de la Présidence, comme c'est déjà le cas dans de nombreux pays comme l'Espagne par exemple.
Est-ce à dire que cela ferait des miracles. Certainement pas. La formulation institutionnelle ne résout en rien les problèmes de fond d'une société qui doit avancer dans le cadre d'un fonctionnement dynamique où pouvoir et contre-pouvoirs devraient jouer leur rôle, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Plus encore, cela ne garantirait pas non plus le danger de voir les ennemis de la République prendre le pouvoir, ce que nous prouvent le résultat de pays qui ont des institutions plus démocratiques que la France.
Je n'ai pas inclus les élections territoriales (régionales, départementales et municipales). Le sujet est trop complexe pour qu'on puisse trouver une solution de ce genre du jour au lendemain. C'est d'autant plus difficile à simplifier, au risque d'en venir à l'autoritarisme étatique, que son prolongement institutionnel est le Sénat, chambre institutionnelle dont le rôle est, entre autres, de pondérer le pouvoir du législatif et de faire respecter la démocratie territoriale.
L'important, pour l'instant, c'est que ces institutions démocratiques ne soient pas étouffées par les caprices budgétaires d'une gouvernance qui s'arroge le droit de cuissage sur les droits culturels et sociaux et décourage de nombreux élus qui finissent par démissionner parce qu'ils n'ont pas les moyens d'exercer la mission que les citoyens leur ont confiée, pour ne citer que cette difficulté-là.
Autre proposition. Contrairement aux propositions d’une certaine gauche qui confond le pouvoir judiciaire et le pouvoir du citoyen électeur, je pense qu'il n'a jamais été aussi important de renforcer les contre-pouvoirs, y compris celui de la justice, de leur indépendance vis-à-vis des pouvoirs. C'est la garantie d'une société qui irait de l'avant dans le sens des intérêts de l'écrasante majorité des citoyens, contrairement à aujourd'hui.
N'oublions pas qu'à l'époque de Pétain, TOUS les magistrats, sauf un, ont fait allégeance aux collaborateurs des nazis. C'est ce qui a obligé la gouvernance sortie de la libération en 1945 de nommer un avocat, un certain Louis Noguères, à la Présidence de la Haute Cour de Justice.
La vie de la République n'est pas un long fleuve tranquille. Ceux qui nous gouvernent actuellement nous mènent à la cascade qui risque bien de la mettre en berne pour un certain temps. A suivre donc, avec vigilance.
Yvon Huet
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