Samedi 3 mai, journée mondiale de la liberté de la presse, Reporters sans frontières alerte sur les pressions économiques.
L'ONG vient de publier son classement annuel des pays. Dans les trois quarts des 180 pays évalués, médias et journalistes sont confrontés à des situations « problématiques », « difficiles » ou « très graves ». « Pour la première fois », la situation devient « difficile » à l’échelle du monde, souligne RSF, désignant plus particulièrement le poids des contraintes économiques.
Après avoir perdu 10 places les États-Unis perdent de nouveau deux places et se retrouvent en 57e position, derrière la Sierra Leone. La situation s’est encore dégradée depuis l’investiture de Donald Trump auteur d’« attaques quotidiennes » contre la presse. Le président des states a initié le démantèlement des médias publics américains à l’étranger, comme Voice of America, privant « plus de 400 millions de personnes » d’un « accès à une information fiable ». « Le gel des fonds d’aide internationale », via l’Agence américaine de développement Usaid, a « plongé des centaines de médias dans une instabilité économique critique » et contraint certains « à la fermeture, notamment en Ukraine » (62e, - 1 place).
De « vastes déserts de l’information » se créent un peu partout avec la disparition de nombreux titres locaux en proie à des difficultés financières. Ces « pressions économiques » sont moins visibles que les exactions physiques contre les journalistes. « Dans près d’un tiers des pays du monde », dont la Tunisie (129e, - 11) et l’Argentine (87e, - 21), « des médias d’information ferment régulièrement, sous l’effet des difficultés économiques persistantes ».
Une information tronquée
Dans une trentaine de pays « des fermetures massives ayant provoqué, ces dernières années, l’exil de journalistes », ont entrainé une quasi absence d'information comme le Nicaragua (172e, - 9) ou l’Afghanistan (175e, + 3). En Palestine (163e,- 6), la situation est « désastreuse ». RSF accuse l’armée israélienne d’avoir « détruit des rédactions et tué près de 200 journalistes », tandis que « l’absence de stabilité politique » en Haïti (112e, - 18) « plonge l’économie des médias aussi dans le chaos ».
Partout dans le monde, l’économie du secteur est « mise à mal » par les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), dont les plateformes, « largement non régulées, captent une part croissante des revenus publicitaires » et participent à « la prolifération de contenus manipulés ou trompeurs ».
La liberté d’informer est aussi « de plus en plus entravée par des conditions de financement opaques ou arbitraires », comme en Hongrie (68e, - 1) où « le gouvernement asphyxie les titres critiques via la distribution inéquitable de la publicité d’État ». Même dans des pays « bien positionnés » comme la Finlande (5e) ou l’Australie (29e, + 10), la concentration des médias, « menace pour le pluralisme ». Enfin, en France (25e, -4), une « part significative de la presse nationale est contrôlée par quelques grandes fortunes », relève RSF, s’interrogeant sur « l’indépendance réelle des rédactions ».
Dominique Gerbault
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