Alors que la ségrégation scolaire est l’une des marques de fabrique du système éducatif français, les ministères successifs de l’éducation s’emploient à en aggraver les effets.
Tout en prétendant défendre la mixité, « condition de la réussite de chaque élève » (sic). Mais de quelle mixité pour quelle réussite s’agit-il quand le mantra des droites et de l’extrême droite est « l’égalité des chances », étant bien entendu qu’il ne s’agit pas de la réussite de tous mais de chacun en fonction de ses « talents », évidemment naturels !
Or la non-mixité est une construction politique de ségrégations, qu’elle soit sociale, ethno-raciale, genrée ou scolaire, les unes et les autres en relations, voire cumulées. Seuls des choix politiques authentiquement démocratiques peuvent permettre que cessent les cloisonnements et les séparatismes à l’école, par la mise en place de véritables mixités scolaires indispensables à une société non hiérarchisée.
Carnets rouges dans ce numéro a fait appel à des chercheurs en sciences sociales, des enseignants, une élue, pour analyser et comprendre les mécanismes « bienveillants » à l’œuvre pour organiser et planifier les ségrégation, relégation, discrimination, orientation subie, de plus en plus précoce, envers nombre d'élèves des zones paupérisées et/ou issus de l'immigration ou perçus comme tels. L’école républicaine n’est pas une école démocratique quand elle veut imposer le « choc des savoirs », et réserve aux élèves des classes populaires des dispositifs qui les assignent à des suppléments d’âme totalement inopérants « de prévention, de citoyenneté, d'intégration » ; les enferme dans des voies sans perspectives où l’expression de leurs choix ou de leurs désirs est déniée. Qualifiés d’élèves « défavorisés » par leurs origines, sociale, ethnico-raciale, genrée, (terme terrible devenu quasi hégémonique), ces élèves n’ont qu’à bien se tenir, coupables d’être responsables de leurs échecs.
L’école républicaine ne l’est pas non plus quand est fait le choix assumé de casser l’école publique pour favoriser les fuites vers le privé, bénéficiant de généreux financement sans respect de ses obligations, voire par des pratiques frauduleuses, au bénéfice d'élèves de classes supérieures y faisant fructifier leur capital scolaire. Aux autres les compétences psycho-sociales qui font florès et prescrites sur le marché du travail.
Si le volontarisme en matière de mixité ne peut résoudre l’ensemble des problèmes qu’elle soulève, comme le montrent certaines expériences menées (Haute Garonne), si la résistance aux prescriptions a des limites, les témoignages d’enseignants qui ont refusé le tri des élèves imposé par « le choc des savoirs », prouvent leur attachement à la mixité et plus encore son efficacité.
Ce numéro de carnets rouges invite à mettre en partage savoirs et expériences en mouvement, que s’invente une transformation radicale de l'école, où les mixités, sociale, ethno-raciale, genrée, soient un levier pour en finir avec la haine, affirmer que la culture est le bien de tous et promouvoir une égalité émancipatrice.
Christine Passerieux, Rédactrice
Carnets rouges mai 2025 :
Ecole : de quelle (s) mixité (s) parle-t-on ?
Article publié dans CommunisteS, numéro 1040 du 7 mai 2025.
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