Les souffrances indicibles subies non seulement à Bétharram, mais dans de trop nombreuses institutions privées catholiques partout sur le territoire national et aussi dans les outre-mer, les moyens de donner la parole aux victimes et de sanctionner les coupables, la formation et le contrôle des éducateurs : tel aurait dû être l’objectif de la commission d’enquête mise en place après les révélations sur les violences psychologiques, physiques et sexuelles commises dans l’institution privée Bétharram pendant des décennies.
Il n’en a rien été.
Les moyens considérables dont disposait la commission d’enquête, présidée par le député LFI Paul Vannier, n’ont servi qu’à une chose : instruire un procès à charge contre le Premier Ministre François Bayrou, dans l’espoir de le déshonorer et d’obtenir sa démission.
De fait, lors de son audition le 14 mai dernier, le calvaire subi par les victimes et effectivement facilité par les complaisances de l’État envers les établissements privés depuis la Loi Debré qui leur reconnait un « caractère spécifique » n’a été évoqué que pour la forme. Ce dont il s’agissait, et certains ne s’en sont pas cachés, c’était de « se faire » le Premier Ministre.
Il n’est pas question pour les communistes de masquer ou de minimiser les responsabilités de ce dernier : député-maire de Pau, président du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques, parent d’élèves scolarisés dans l’établissement, il aurait pu et dû faire preuve de plus de vigilance. Sans doute son parti-pris en faveur de l’enseignement privé lui a-t-il fait sous-estimer la dangerosité de certains acteurs de ce système éducatif archaïque.
De là à l’accuser d’avoir « protégé des pédocriminels », il y a un pas que les communistes ne franchiront pas.
D’abord parce que les accusations contre lui bousculent la chronologie des faits et ne reposent que sur des hypothèses laborieuses que rien ne confirme.
Ensuite parce qu’on peut combattre une politique et respecter un homme.
Non, rien n’autorise à faire flèche de tout bois pour abattre un adversaire politique.
Si Bayrou démissionnait, il serait remplacé par un autre qui ferait la même politique que lui.
Et le plus affligeant dans cette histoire, c’est que le seul à avoir évoqué la solitude des victimes et l’aveuglement de ceux qui non seulement « n’ont pas osé dire ce qu’ils voyaient, mais n’ont pas osé voir ce qu’ils voyaient », le seul qui ait formulé des propositions en matière de recueil de la parole et d’accompagnement des victimes, ce fut Bayrou lui-même !
Il n’était pas le mieux placé pour le faire. Mais la commission d’enquête, elle, qu’a-t-elle fait ?
Notre camarade Pierre Ouzoulias, sénateur des Hauts de Seine et vice-président du Sénat, a quant à lui refusé de participer à cette chasse à l’homme, soulignant que le véritable scandale, c’est que l’enseignement privé soit financé à 800 % par de l’argent public, sans aucune obligation en contrepartie. Et c’est cela, le fond du problème.
S’acharner contre celui qui n’est en l’espèce qu’un fusible n’est pas un signe de clairvoyance politique.
À quand une commission d’enquête sur les ingérences de Nestlé dans les rapports officiels remis au Président de la République ?
Jean-Michel Galano
Il y a actuellement 0 réactions
Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.